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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Normand, Régis, Michel et les autres

The Canadian Press
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Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2025-07-17T21:00:00Z
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Vous savez ce qui m’a le plus frappée, le plus émue et le plus touchée dans la cérémonie d’hommage national à Serge Fiori?

Je n’avais jamais entendu autant d’hommes se dire publiquement et impudiquement qu’ils s’aimaient. Et je n’avais jamais vu autant d’hommes, la gorge nouée par l’émotion, craquer au milieu d’une phrase et devoir prendre une pause pour reprendre leur souffle. Jamais vu tant de gars verser des larmes en public. Et je n’avais jamais observé autant d’hommes parler en même temps aussi ouvertement de leurs sentiments, de leur peine profonde et sincère.

Est-ce que vous pensez qu’à un moment donné les néoféministes québécoises vont arrêter de nous casser les oreilles avec leur «masculinité toxique» et commencer à reconnaître que les hommes québécois sont parmi les plus sensibles, les plus humains, les plus émotifs, les plus sentimentaux sur la planète?

J’ai l’âme à la tendresse

Combien de fois on a entendu retentir les mots «je t’aime» lors de cette cérémonie? De Régis Labeaume à Michel Rivard, de Luc Picard à Normand Brathwaite, en passant par Michel Barrette, Louis Valois, Louis-Jean Cormier et Serge Grimaux. Des tonnes de «j’t’aime mon chum» qui partaient du fond du cœur, de la part de ces hommes d’âge mûr qui parlaient avec tendresse d’une amitié sincère. Comme c’était beau à voir! Comme c’était beau à entendre! Que ça faisait du bien à l’âme!

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On se fait tellement souvent dire que les hommes d’ici ne savent pas trouver «les mots pour le dire». Comme elle est loin cette époque où les gars ne se disaient jamais «ces choses-là» par peur de passer pour «ces gens-là»! L’homme québécois de 2025, qu’il soit ex-politicien, humoriste ou comédien, il voit avec les yeux du cœur et il parle avec les mots du cœur.

Je n’imagine pas un ex-politicien français coincé déclarer aussi publiquement, dans une tribune télévisée devant des millions de gens, son amour à un ami décédé.

Si cette manifestation publique de tendresse peut donner le goût à un seul homme pudique de dire à son partenaire de golf ou à son chum de brosse qu’il l’aime vraiment, Normand, Régis, Michel et les autres auront fait œuvre utile.

D’ailleurs, parlant d’être utile, je dois dire que c’est le témoignage de Normand Brathwaite qui m’est le plus «rentré dedans». Quand il a dit que Fiori et lui souffraient de la même maladie, un mélange d’angoisse, de stress, de peur de dormir, je l’ai trouvé parfait. Je ne l’ai jamais dit publiquement à Normand, mais sa transparence face à ses soucis de santé mentale force mon admiration. Depuis sa sortie aux Gémeaux il y a des années de ça, quand il avait parlé de sa pharmacienne et de sa fragilité, Normand ne fait plus de secrets de sa grande vulnérabilité. Et ça fait du bien à plein de gens, qui se reconnaissent dans ses faiblesses.

Les boys

Un petit peu partout en Occident, des néoféministes exigent que les hommes se «déconstruisent», qu’ils se rééduquent, qu’ils fassent leur mea culpa de mâle forcément incorrect.

Mais on ne leur dit jamais assez qu’on les aime. Que leur fragilité nous fait craquer, que leur côté émotif nous touche, que leurs failles nous émeuvent.

Alors, permettez-moi de dire publiquement – et pudiquement – aujourd’hui à Normand, à Luc, à Michel et aux autres: je vous aime. Et merci.

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