Non, on n’a vraiment pas les moyens de baisser les impôts


Michel Girard
Est-ce que le gouvernement Legault a les moyens de baisser les impôts lors du prochain exercice financier de 2023-24 ? Non !
Pourquoi ? Parce qu’en 2023 :
- La croissance économique au Québec sera anémique.
- Les rentrées fiscales en provenance des particuliers et des sociétés risquent d’être compressées.
- Les frais d’intérêt de la dette de l’État vont considérablement augmenter à cause de la forte hausse des taux d’intérêt.
- La renégociation des conventions collectives des salariés de la fonction publique, de la fonction parapublique et d’une foule d’autres employés de l’État va coûter une beurrée.
- Les services en santé et en éducation exigent des réinvestissements majeurs.
- Le gouvernement est aux prises avec d’autres coûteuses promesses électorales, comme le montant de soutien aux aînés de 70 ans et plus qui passe de 400 $ à 2000 $.
Maintenant, est-ce que le gouvernement Legault va quand même baisser les impôts en dépit des contraintes budgétaires que je viens de mentionner ? Oui !
- Écoutez l'édito économique de Michel Girard diffusé chaque jour en direct 7 h 35 à QUB radio :
Le ministre des Finances, Eric Girard, me semble inébranlable sur la fameuse promesse électorale de François Legault voulant que le gouvernement caquiste réduise de 1 point de pourcentage le taux d’impôt des deux premiers paliers d’imposition :
- De 15 % à 14 % pour le palier de 0 $ à 46 295 $ ;
- De 20 % à 19 % pour le palier de 46 295 $ à 92 580 %.
Cela réconfortera les Québécois qui comptent sur la promesse électorale de Legault pour arrondir leurs fins de mois. Selon un sondage Léger mené pour la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), quelque 64 % des Québécois appuient des baisses d’impôt pour les particuliers et les PME.
Sur le dos des jeunes
L’entrée en vigueur de cette promesse électorale va priver le gouvernement d’une juteuse recette fiscale annuelle évaluée à 1,7 milliard $ dans le prochain budget pour atteindre un manque à gagner de 2,2 milliards lors l’année budgétaire de 2026-2027.
Cette promesse de baisse d’impôt est évaluée à 7 milliards $ sur les quatre prochaines années.
Comment Eric Girard, l’argentier du gouvernement caquiste, va-t-il s’y prendre pour « financer » cette coûteuse promesse électorale ? Il va la financer en réduisant les versements d’argent destinés au Fonds des générations, lequel Fonds a strictement pour but de réduire la dette de l’État québécois.
C’est donc sur le dos des jeunes et des futures générations que François Legault va remplir sa promesse de baisser les impôts à compter du prochain budget.
Les riches d’abord
Quand on parle de baisse d’impôt, cela vise évidemment les contribuables qui paient de l’impôt. D’entrée de jeu, on écarte les 2,4 millions de contribuables dont le revenu est trop faible pour payer de l’impôt.
D’autre part, comme l’indiquait clairement la CAQ de François Legault sur la « Fiche média » qui présentait « La plus importante baisse d’impôt de l’histoire du Québec », la baisse va atteindre en 2023 les 810 $ pour le contribuable gagnant un revenu de 100 000 $ ou plus.
Ça, c’est le maximum.
À l’autre extrême, la personne gagnant un revenu d’à peine 20 000 $ devra se contenter d’une réduction de 10 $, selon le simulateur fiscal mis sur pied par la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke.
À 30 000 $ de revenu brut, la réduction d’impôt atteindra 110 $. Puis à 40 000 $, elle grimpera à 210 $.
À 50 000 $ de revenu, l’économie d’impôt atteindra 320 $. Et s’ajouteront 100 $ de baisse additionnelle par tranche de 10 000 $ de revenu supplémentaire, soit 420 $ à 60 000 $, 520 $ à 70 000 $, 620 $ à 80 000 $ et 720 $ à 90 000 $.
Vous ne serez pas surpris d’apprendre que plus de la moitié des 1,7 milliard de dollars de la baisse d’impôt va aboutir dans les poches des 19,6 % de contribuables gagnant plus de 70 000 $.