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L'article provient de TVA Nouvelles

Non, les Néo-Québécois ne menacent pas la survie de la nation québécoise

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Sacha-Wilky Merazil, Montréal

2022-09-30T10:40:52Z
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Depuis le début de la campagne électorale, le chef de la CAQ, François Legault, a dû revenir sur des déclarations controversées sur l’immigration au Québec. 

Tout récemment, le premier ministre sortant a déclaré qu’accueillir 50 000 immigrants serait suicidaire. Pourtant, la semaine dernière, il disait que l’immigration était un sujet délicat.

À ce moment-là, il n’était pas à sa première déclaration sur l’immigration. La première fois, M. Legault avait déclaré que les Québécois aimaient la paix et ne voulaient pas de violence et d’extrémistes. La deuxième fois, il a dit que les immigrants étaient une menace à la cohésion sociale.

Les électeurs ont aussi eu droit aux propos de M. Jean Boulet, ministre sortant de l’immigration de la Francisation et de l’Intégration. Dans un entretien, il a soutenu que 80% des immigrants ne parlent pas français, ne travaillent pas et n’adhèrent pas aux valeurs québécoises. Ces propos, qui sont constamment répétés à tort, viennent renforcer la perception et les biais d’une minorité de Québécois envers les immigrants, mais la question à se poser est: «Quel est l’état des lieux de l’immigration au Québec?». 

La francophonie, un point d’unification entre le Québec et d’autres pays

Plusieurs nouveaux arrivants au Québec sont issus de pays francophones. À titre d’exemple, les Français, les Haïtiens et des personnes originaires du Maghreb et de l’Afrique parlent couramment le français et font le choix du Québec, sachant que la nation québécoise est une nation francophone dans une Amérique du Nord en majorité anglophone.

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Il faudrait encourager davantage de francophones à choisir de s’établir au Québec qui est une nation qui veut maintenir en vie le français. C’est tout de même étonnant d’entendre le ministre sortant de l’Immigration de la Francisation et de l’Intégration dire que 80% des immigrants ne parlent pas français, car c’est faux. C’est M. Boulet lui-même, en mai dernier, qui disait que 84% des immigrants au Québec parlaient français. Il avait même souhaité vouloir augmenter le seuil d’immigration à 58 000 pour se raviser après et s’excuser d’avoir proposé une augmentation de l’immigration invoquant la capacité d’accueil du Québec, qui était selon lui de 50 000.

Quels obstacles pour les immigrants au Québec?

Récemment, l’entreprise québécoise Vêtements Peerless offrait des cours de francisation à ses employés et celle-ci a dû cesser ses ateliers de francisation en raison du financement coupé par le gouvernement du Québec. Lorsque l’entreprise a dénoncé la situation, M. Boulet a par la suite remis du financement à la disposition du groupe. Cet exemple illustre un blocage existant lorsque des immigrants cherchent à se franciser et à s’intégrer à la nation québécoise. Ils peuvent être confrontés à des défis qui ne sont pas de leur ressort. Si cette histoire n’était pas sortie dans les médias, on peut se demander combien d’employés n’auraient pu être francisés? Il faut donc investir plus dans des programmes de francisation en emploi.

Reconnaissance

L’autre défi majeur pour les immigrants est la faible reconnaissance des diplômes et acquis. Des études démontrent que plus de 40% des immigrants sont détenteurs d’un diplôme universitaire, mais occupent des emplois sous-qualifiés dans la Belle Province.

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Alors, quand le ministre Boulet dit que les immigrants ne travaillent pas, c’est faux. Beaucoup d’immigrants travaillent dans des emplois où ils sont surqualifiés. Quant aux demandeurs d’asile qui sont parfois de l’immigration irrégulière, ces derniers se retrouvent bien souvent dans des emplois touchés par une pénurie de main-d’œuvre frappante. On a notamment vu des demandeurs d’asile au front lors de la pandémie comme préposés aux bénéficiaires ou concierges, sans compter qu’il y a de nombreux demandeurs d’asile qui travaillent dans les champs et usines de transformation. Au lieu de renforcer les programmes existants et d’assurer des projets novateurs favorisant le «rêve québécois», beaucoup d’immigrants se retrouvent souvent confrontés à une tout autre réalité.

L’instrumentalisation de l’immigration et des immigrants doit cesser

Tous les principaux partis ont dévoilé leur cible en matière d’immigration. Cependant, aucun de ces partis ne semble avoir un plan clair pour accompagner les Néo-Québécois en vue de favoriser une pleine intégration réussie.

La seule proposition sur laquelle les principaux chefs s’entendent est celle de régionaliser l’immigration. Cette idée risquerait d’être tout un casse-tête tant pour les immigrants que pour les municipalités. Pourtant, la campagne électorale devrait être une campagne d’échanges et de débats pour savoir quelle est la vision de l’immigration des chefs pour le Québec de demain.

Aujourd’hui, la nation québécoise fait face à plusieurs enjeux, notamment dans les services publics, en plus d’un vieillissement de la population à un rythme accéléré sans oublier la pénurie de main-d’œuvre, et à aucun moment, dans la présente élection, il n’a été question de comment les Néo-Québécois peuvent être des alliés dans la survie de la nation québécoise. En effet, si la tendance se maintient et que rien n’est fait pour augmenter la population québécoise, les projections font état d’une baisse accrue de la population québécoise qui pourrait atteindre 19,2% de la population canadienne en 2060.

Afin de favoriser le vivre-ensemble et l’accueil généreux qui caractérisent le peuple québécois, il serait bien de séparer les responsabilités du ministère de l’Immigration de la Francisation et de l’Intégration.

Pourquoi ne pas créer un ministère de la Francisation ou ne pas le rattacher au ministère de l’Éducation? Comme ça, le prochain ministre se concentrera uniquement sur l’immigration plutôt que de tout mélanger et de tenir des propos qui sont faux et blessants.

Photo MARTIN ALARIE
Photo MARTIN ALARIE

Sacha-Wilky Merazil, Montréal

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