«Non, en fait, pour être franc, nous avons payé»: Donald Trump repris par Emmanuel Macron devant les journalistes
AFP
Venu à Washington pour essayer d’aplanir les immenses divergences avec Donald Trump sur l’Ukraine en particulier, et sur la relation transatlantique en général, Emmanuel Macron reprend pourtant publiquement son hôte lorsque Donald Trump relativise, face à lui, la participation européenne dans l’aide apportée à l’Ukraine.
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«Non, en fait, pour être franc, nous avons payé, nous avons payé 60% de l’effort total», intervient le président français, en posant à son tour la main sur l’avant-bras de Donald Trump.
«Les États-Unis et la France sont toujours du bon côté, voilà ce qui est en jeu aujourd’hui», dit, plus sérieusement le président français, alors que Donald Trump est allé jusqu’à rendre l’Ukraine responsable de l’invasion russe, et a engagé un rapprochement spectaculaire avec Moscou.
Notable moment in the Oval Office where Trump says “Europe is loaning the money to Ukraine” and “they’re getting their money back” when Macron interrupted to say, “No, in fact, to be frank, we paid. We paid 60% of the total effort.” pic.twitter.com/QFzv9WhsIz
— Kaitlan Collins (@kaitlancollins) February 24, 2025
Il salue aussi un projet cher à Donald Trump, celui d’assurer un accès américain aux minéraux ukrainiens, pour compenser les dépenses engagées par Washington pour soutenir Kyïv depuis le 24 février 2022.
«La force du réengagement américain, c’est l’incertitude pour le président Poutine», ajoute Emmanuel Macron, qui a bien compris que Donald Trump conçoit les relations diplomatiques comme une négociation d’affaires, à mener tambour battant et avec brutalité si besoin.
Il vante la «capacité de dissuasion» des États-Unis et laisse son hôte se poser en faiseur de paix.
«Plus belle langue»
Lorsque le président français répond dans sa langue à une question, son homologue, qui ne parle pas français, lance: «Je n’ai aucune idée de ce qu’il dit, mais c’est la plus belle langue», tout en posant la main sur le genou d’Emmanuel Macron.
Dans le Bureau ovale, Donald Trump raconte d’ailleurs comment, après un dîner à la tour Eiffel avec leurs épouses respectives, le président français avait entrepris de répondre, en français, aux journalistes.
«Il n’y avait pas d’interprète, et il parlait, il parlait, et moi je hochais seulement la tête», dit Donald Trump.
«Le lendemain, j’ai lu les journaux et j’ai réalisé: “Ce n’est pas ce que nous avons dit.” C’est un futé, je vous le dis», lance le président américain, en s’emparant de l’avant-bras de son homologue, assis à ses côtés, sous les rires de l’assistance.
Il l’avait déjà qualifié, peu auparavant, d’«homme très spécial».
La relation entre les deux hommes, qui n’a jamais viré ouvertement à l’aigre comme celle du président américain avec d’autres dirigeants tels que le Canadien Justin Trudeau, a néanmoins connu des hauts et des bas pendant le premier mandat du républicain.
L’on a pu parler de «bromance» — contraction des mots anglais «brother» et «romance» — mais le chef d’État français avait aussi ouvertement critiqué l’approche diplomatique «L’Amérique d’abord» du dirigeant républicain, appelant les Européens à s’unir pour y répondre.
Emmanuel Macron, invité à la Maison-Blanche en 2018 pour un dîner d’État en grande pompe, avait offert un arbuste, qu’il avait ensuite planté en compagnie de Donald Trump dans la pelouse de la Maison-Blanche.
Mais l’arbre, prélevé dans une forêt où de nombreux soldats américains avaient péri pendant la Première Guerre mondiale, n’avait pas survécu à la transplantation.