Davantage de nominations d’amis de la CAQ dans les postes clés
Notre Bureau d’enquête révélait que le gouvernement de François Legault a réalisé près de 30 nominations partisanes depuis 2018

Annabelle Blais et Marie Christine Trottier
Les nouveaux nommés dans des postes clés par le gouvernement Legault sont surtout des proches de la CAQ. Ils sont plus nombreux que ceux qui ont une autre couleur politique.
Lorsqu’on regarde l’ensemble des nominations du gouvernement caquiste, on constate deux choses: la première est que la majorité des nominations de la CAQ depuis son arrivée au pouvoir ont été accordées à des gens qui avaient déjà des postes permanents dans la fonction publique.
Mais plus intéressant: si l’on s’attarde plus particulièrement aux nouvelles nominations réalisées par le gouvernement actuel, celles des proches de la CAQ sont plus nombreuses, sans parler de la dizaine de vieux péquistes issus de l’époque de François Legault.
Comme le révélait le dossier de notre Bureau d’enquête ces jours-ci, on compte au moins 29 nominations de proches de la CAQ dans des postes liés à la fonction publique, depuis 2018.
En comparaison, les péquistes qui n’ont pas côtoyé M. Legault lorsqu’il était souverainiste et les libéraux totalisent environ une quinzaine de nominations.
De plus, nous constatons que les nominations partisanes ont permis de placer des amis du parti dans des positions importantes.
Quant aux personnes qui étaient déjà dans la fonction publique, ce sont par exemple des mandarins à vie dont certains ont été tablettés brièvement avant d’être replacés.
D’autres ont simplement été reconduits dans les fonctions qu’ils occupaient. Dans les deux cas, il s’agit de nominations à des postes moins stratégiques.
«Peu importe l’affiliation politique des personnes nommées, ce sont leurs qualifications et leur expertise qui déterminent leur capacité à servir les intérêts des Québécois», a insisté le porte-parole du premier ministre, Ewan Sauves.
Pratique des vieux partis
Lorsqu’il était dans l’opposition, François Legault avait l’habitude de comptabiliser les retours d’ascenseur des gouvernements.
En 2017, la CAQ avait dénoncé 85 nominations libérales sous Philippe Couillard et 500 pendant le règne de neuf ans de Jean Charest. Quant au gouvernement péquiste de Pauline Marois, M. Legault en avait recensé 40 en 18 mois.
La CAQ incluait toutefois dans son calcul des postes attribués aux donateurs de ces partis. Comme le parti de François Legault a renoncé à son financement populaire pendant un an, nous avons choisi d’exclure les contributeurs de notre compilation.
«Ce serait naïf de dire qu’il n’y a jamais de nomination partisane, voyons donc!» affirme l’ex-ministre péquiste Rémy Trudel.
«J’ai été au gouvernement à l’exécutif pendant 11 ans, pensez-vous que je n’ai pas vu passer au moins une candidature [partisane]?»
Il se souvient aussi avoir rencontré de la résistance lorsqu’il avait proposé la candidature d’un «grand partisan libéral», au poste de président de la Financière agricole du Québec.
«Ce n’était pas un vent de face, mais un ouragan! illustre-t-il. Mais ce qui m’importait était que ça fonctionne et non pas l’adhésion à un parti.»
Exceptions
Aux États-Unis, les changements de gouvernement entraînent un changement en profondeur de l’administration publique, souligne le professeur de l’ENAP Nelson Michaud. Les récentes nominations du nouveau président Trump ont d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre.
La pratique n’est pas aussi institutionnalisée chez nous et demeure perçue comme une exception.
«Mais quand l’exception se reproduit, les gens commencent à se demander: est-ce qu’il faut que j’achète ma carte de membre pour avoir une job au gouvernement?» souligne M. Michaud.
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