Noémie O’Farrell se confie sur son amoureux
Michèle Lemieux
Originaire de Sainte-Claire, Noémie O’Farrell a quitté son village natal pour poursuivre ses études à Québec. À 17 ans, elle ressentait déjà l’irrépressible envie de s’affranchir et de voler de ses propres ailes. Installée à Montréal depuis quelques années et très proche de sa famille malgré la distance, celle qui tiendra la vedette dans Sorcières se sent prête à effectuer éventuellement un retour aux sources.
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Noémie, on a annoncé ta participation à la série Sorcières, qui est très attendue. Comment résumer pareil projet?
C’est l’histoire de trois sœurs qui ont le même père, mais pas la même mère. Elles ont grandi dans une commune avec leur père et leur mère respective. Elles ont perdu le contact depuis une trentaine d’années. Elles se retrouvent à la suite de la découverte d’un bébé vivant, nu dans la forêt. Elles entendent la nouvelle à la radio et, en raison de ce qu’elles ont vécu, elles sont forcées de se retrouver. Ce sont des femmes blessées. Les traumatismes ne se sont pas exprimés de la même manière chez les trois femmes, mais chacune s’est reconstruite à sa façon. Quand elles se retrouvent, ces traumas refont surface.

C’est une grande saga familiale, finalement?
Oui, et elle se développe sur plusieurs années, en plusieurs étapes. Celles qui jouent mes deux sœurs dans la série, Marie-Joanne Boucher et Céline Bonnier, et moi-même sommes à la base de l’idée originale avec Germain Larochelle, l’un des auteurs. Nous avions envie de parler de sororité, de marginalité, de pouvoir féminin. Nous voulions aborder la thématique des sorcières, des femmes incomprises, ostracisées. Elles avaient des pouvoirs et des connaissances en médecine alternative.
As-tu d’autres projets au programme?
Oui, je tourne la saison 4 de Contre- offre. Je retrouve mon personnage de Jeanne Lévesque, que j’adore! C’est une belle gang. Je participe aussi au show de Robert Lepage, Le Projet Riopelle, que nous reprendrons à la mi-octobre à Québec. Anne-Marie Cadieux est comme une sœur pour moi. C’est une grande rencontre. C’est vraiment une grande artiste, une grande interprète. C’est l’actrice suprême! Nous jouons les deux Joan Mitchell. Par la suite, je participerai à la pièce Judy au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, puis à une autre pièce, au TNM, à l’hiver 2024. Je joue aussi dans le film Vampire humaniste cherche suicidaire consentant qui sortira à la rentrée. Je suis bien occupée!
As-tu su très tôt que tu te destinais à ce métier?
Quand j’étais jeune, ma mère m’appelait sa petite comédienne. Quand j’ai décidé de faire ce métier, ça a semblé évident pour tout le monde. Je ne viens pas d’un milieu d’artistes. Je n’avais pas de modèle. Je viens d’une famille très ouverte, qui m’a toujours encouragée. J’ai toujours pu compter sur le soutien de ma famille. Je suis originaire de Sainte-Claire de Bellechasse. Quand je suis allée au cégep, j’ai étudié en littérature. Puis, j’ai rencontré Lise Castonguay, une actrice de Québec qui a beaucoup travaillé avec Robert Lepage. Elle a suggéré que je fasse mes auditions. Je ne connaissais même pas le processus pour intégrer une école de théâtre. La première fois, j’ai été refusée partout. La seconde fois, j’ai été acceptée partout! Je suis finalement sortie de l’école en 2011.

Que s’est-il passé entre les refus et les acceptations?
Je suis allée planter des arbres. J’avais besoin de me retrouver avec moi-même. J’ai pris beaucoup de maturité. La première année de mes auditions, je n’avais aucune confiance en moi. J’étais intimidée. Au cours de l’été, les choses se sont placées. J’ai gagné en confiance. C’est un métier où on essuie beaucoup de refus.
Pour poursuivre tes études, as-tu quitté la maison rapidement?
Oui, je suis partie de chez nous à 17 ans. J’avais vraiment besoin de m’émanciper. Je suis partie en appartement à Québec. Puis, je suis arrivée à Montréal en 2015. J’avais envie d’y déménager. Tout était à refaire. Durant le même automne, j’ai décroché un rôle principal dans une série jeunesse, Comment devenir une légende. J’ai aussi décroché un rôle dans un film avec Roy Dupuis, Feuilles mortes, et depuis, ça a continué.
Le fait de voler de tes propres ailes aussi tôt t’a donné une grande maturité...
Oui. Nous sommes une famille recomposée de quatre enfants dont je suis l’aînée. Dès l’adolescence, j’ai eu envie de voler de mes propres ailes. J’ai beaucoup voyagé. Comme nous étions plusieurs à la maison, et tous des ados, j’étouffais. Dès que j’ai pu partir, je suis partie. Ça m’a donné de la confiance, de la maturité. Mes parents ont toujours encouragé l’autonomie.
Te trouvaient-ils jeune pour partir?
Ma mère me trouvait jeune pour quitter la maison, mais je pense qu’au début, elle croyait que j’allais revenir à la maison les fins de semaine. Finalement, je me suis trouvé un emploi à Québec et je suis revenue une fois de temps en temps. Je pense que je vois mes parents plus souvent depuis que je vis à Montréal. À l’époque, j’avais un grand besoin de liberté, que j’ai canalisé en vieillissant. Quand j’ai quitté la maison, je n’aimais pas la campagne, alors que j’ai maintenant envie d’y retourner... J’ai besoin d’être là pour ma famille. Mon frère a deux petites filles, je suis marraine. Je suis proche de mon père, de ma mère, de mes demi-sœurs, de mon beau-père. C’est vraiment important pour moi d’être présente. Mon chum aussi est un gars de la campagne. Il est originaire de la Beauce. Il jardine beaucoup. Il est bon avec les plantes. De mon côté, je cuisine bien. Nous sommes complémentaires.

Ton amoureux est-il dans un milieu connexe au tien?
Mon amoureux est un artiste, lui aussi. C’est un poète, un réalisateur de cinéma. J’ai été charmée par sa façon de voir la vie. C’est un gars super concret qui peut réparer des choses à la maison, mais il écrit des mots qui traduisent sa vision et sa grande sensibilité. Ça m’a pris 33 ans à le trouver... (Elle sourit.)
À quoi ressemblent tes passions?
Mon métier est ma passion. Je fais de la voix, j’ai eu une compagnie de théâtre, j’écris, je conçois des costumes. Je ne peux plus acheter un vêtement sans tenir une réflexion à propos de sa provenance, comment il est fait, etc. J’ai toujours acheté des vêtements dans les friperies. Je couds à la main. Je recycle. C’est en adéquation avec mes valeurs.
À quel moment as-tu lancé ta compagnie de théâtre?
En sortant de l’école. Je suis impatiente, je n’aime pas attendre, je suis ambitieuse et créative. Un gars de ma classe et moi, nous avons démarré une compagnie. J’ai maintenant une compagnie avec Alice Moreault, Le Jaune écarlate. J’adore la production. Je produis l’adaptation théâtrale du recueil de poésie de mon chum, Alexandre Dostie, Que ceux qui m’aiment me sauvent. Dans ma famille, il y a beaucoup d’entrepreneurs.

Tu as donc grandi en sachant que c’était possible pour toi aussi?
Oui, et je pense que ça connecte avec mon besoin d’autonomie, d’indépendance et de liberté.
Sorcières, lundi 20 h, à TVA. Vampire humaniste cherche suicidaire consentant en salle dès le 13 octobre. Le Projet Riopelle sera présenté à la salle Le Diamant, à Québec, à compter du 19 octobre. Contre-offre sera diffusée cet hiver à Noovo. La pièce Judy sera présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui à compter du 29 janvier 2024.
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