«À l’Hôtel des Pays d’en haut» de Maryse Rouy: Noël à Sainte-Agathe... en 1925!

Marie-France Bornais
Inspirée par la beauté et le patrimoine de la région des Laurentides, l’écrivaine Maryse Rouy s’est plongée dans les années 1920 pour écrire une intrigue se déroulant à Sainte-Agathe-des-Monts dans le temps des Fêtes, en 1925 : À l’Hôtel des Pays d’en haut. Petite bourgeoisie buvant de l’alcool en cachette, Police des liqueurs, disparition : l’hôtel fréquenté par toute une galerie de personnages en voit de toutes les couleurs!
À la veille du congé de Noël, Rémi Forget, enquêteur de la Police des liqueurs de Montréal, séjourne à l’Hôtel des Pays d’en haut sous le couvert de l’anonymat. Il enquête sur la production illégale d’alcool dans cette région qui est pourtant «dry».
Ses soupçons sont fondés : le propriétaire de l’établissement, Réjean Duquet, sert en douce des petits «remontants» à ses clients – des notables qui fréquentent la salle à manger et connaissent ses petits «privilèges». Il a aussi des liens avec un mafieux montréalais, Monsieur Tony...
Lorsque Rémi Forget disparaît, Adèle, la fille des propriétaires, décide de mener sa propre enquête. En fille dégourdie qui revient de Montréal, elle n’a peur de rien. Avec son amie Danielle, journaliste, elle fera tout pour découvrir la vérité. Peu importe les indiscrétions de Lorraine Beaudry, la téléphoniste qui écoute toutes les conversations, ou le comportement sournois de Martin Vachon, un employé à la fiabilité douteuse.
Avant la Crise de 1929
Maryse Rouy, une autrice d’expérience, à la très belle plume, a adoré se plonger dans cette époque mouvementée des Laurentides.
«J’ai choisi la période de 1925 parce que j’avais envie de me consacrer à une période paisible entre trois événements tragiques : la Première Guerre mondiale et la grippe espagnole, qui a suivi tout de suite, et la Crise de 1929. Je voulais être au milieu», commente-t-elle, en entrevue.
Comme elle aime beaucoup les trains, elle s’est intéressée au P’tit train du Nord et avait envie d’une histoire où ce lien ferroviaire mythique était présent. «J’ai suivi le train. Et je me suis rendu compte qu’à Sainte-Agathe-des-Monts, il y avait la prohibition, alors qu’elle n’y était pas ailleurs. C’est susceptible de donner des idées : quand quelque chose est interdit, les gens ont envie de transgresser. Ça suppose aussi de la criminalité. Il y avait du potentiel, disons!»
Sainte-Agathe-des-Monts était déjà une destination touristique très prisée à l’époque. «Quand j’ai fait mes recherches, j’ai trouvé beaucoup de choses. Beaucoup de gens allaient faire du ski. J’ai choisi un hôtel, aussi, parce que toutes sortes de personnes s’y côtoient.»
Personnages féminins
Les années 1920 à Sainte-Agathe se sont avérées un bon filon. «Évidemment, la vie n’était pas facile pour tout le monde, mais j’ai choisi un milieu pour lequel elle l’était.» Le Québec de l’époque était très différent de ce qui se passait en France, son pays natal.
« Je suis très intéressée par ce qui m’est étranger – c’est pour ça que j’ai tellement travaillé sur le Moyen-Âge. Finalement, la société de 1925, pour nous, elle est aussi étrangère qu’une société de plusieurs siècles avant. On ne vit plus du tout comme ça, tout est différent maintenant, ne serait-ce que la place des femmes. »
Elle a écrit son roman en conséquence. «J’ai choisi que mes personnages féminins refusent le mariage et n’aient pas envie d’entrer en religion. Je n’ai pas voulu les priver du plaisir et de l’espérance du bonheur.»
♦ Maryse Rouy a fait carrière dans l’enseignement au primaire avant de se tourner vers l’écriture.
♦ Elle a écrit une quantité impressionnante de romans, tant pour les jeunes que pour les adultes.
♦ Elle a signé la série Une jeune femme en guerre, entre autres.
♦ Elle a aussi publié Toute la chaleur du Nord chez Druide cet automne.
EXTRAIT
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Maryse Rouy
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Éd. Hurtubise
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270 pages](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F63437483_1441658d7fa714-7d78-4666-9d54-e729f16d7144_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
«Il resservit une tournée et quitta la pièce. L’alcool était dissimulé dans la théière pour tromper un éventuel curieux qui pourrait malencontreusement être membre de la Ligue de tempérance. Eux-mêmes en faisaient partie. Ils n’avaient pas pu y échapper, mais s’ils participaient scrupuleusement aux réunions, ils n’allaient pas jusqu’à s’astreindre à respecter la loi. En général, personne d’autre ne s’aventurait au billard à cette heure précédant le souper, car la salle leur était tacitement réservée. Il était bon, néanmoins, de rester prudents dans une ville qui s’obstinait à être dry, une ridicule exception dans le Québec moderne et évolué de 1925.»