Nigéria: elle risque 7 ans de prison pour un avis sur une purée de tomates

Agence QMI
Une Nigériane pourrait être condamnée à sept ans de prison pour avoir laissé un avis et des commentaires négatifs dans une publication Facebook auprès de ses 18 000 abonnés au sujet d’une purée de tomates qui n’était pas à son goût.
Selon le fabricant du produit en question, Chioma Okoli aurait fait une «allégation malveillante» qui nuit à son activité.
«Les remarques de Chioma sur notre produit, le 'Nagiko Tomato Mix', ont conduit plusieurs fournisseurs à se dissocier de nous. En outre, l'entreprise a perdu de nombreuses lignes de crédit», a expliqué Erisco Foods Limited dans une publication Facebook.
Le message original de Chioma Okoli remonte au 17 septembre dernier. Ne trouvant pas sa marque habituelle de purée de tomates, elle s’est tournée vers celle d’Erisco Foods Limited, qu’elle a trouvé trop sucrée.
À l’encontre d’une loi sur la cybercriminalité
Quelques jours plus tard, la compagnie a déposé une plainte à la police réclamant une lettre d’excuses de l’entrepreneure à publier sur sa plateforme ainsi que le retrait du message initial.
Si la femme de 39 ans a bien rédigé la lettre, elle ne l’aurait pas publiée en ligne, ce qui ne respectait pas sa liberté sous caution. Une semaine plus tard, la jeune femme enceinte a été arrêtée à l’église, a rapporté CNN.
Ce n’est que le 7 mars dernier que la police nigériane a finalement accusé Mme Okoli d’avoir violé la loi sur la cybercriminalité, d’après le média américain.
«Les enquêtes préliminaires menées ont mis au jour des preuves irréfutables indiquant le rôle présumé d'Okoli dans la violation des lois en vigueur, en particulier celles liées à l'utilisation appropriée du cyberespace», est-il indiqué dans le communiqué de la police consulté par CNN.
Dans l’une des accusations, la Nigériane est notamment accusée d’avoir conspiré avec deux personnes «dans l'intention d'inciter les gens à s'opposer à Erisco Foods Limited», un chef passible de sept ans de prison.
L’entreprise a aussi intenté une autre action en justice pour réclamer un montant de 3 millions de dollars américains à l’entrepreneure.
«Le choix de l'entreprise d'intenter une action en justice contre Chioma découle principalement de la nécessité de préserver la marque et la réputation de l'entreprise», a-t-il été précisé dans la publication Facebook du 19 janvier.
Une vague d’indignation
Depuis, plusieurs partisans de l’entrepreneure se sont mobilisés pour la soutenir, qualifiant ces poursuites de violation de la vie privée.
Cette histoire est également remontée aux oreilles des membres d’Amnesty International Nigeria, qui a indiqué dans une publication sur X qu’elle fait désormais face à «du harcèlement et de l’intimidation».
Chioma — was arrested by the police and later released over a review of a tomato paste on social media. She has since been facing series of harassment and intimidation: pic.twitter.com/NV0cZ8P7nz
— Amnesty International Nigeria (@AmnestyNigeria) March 15, 2024