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Sports

Vivre «pauvre» de son sport: joueur des Blue Jays et... cuisinier à temps partiel au St-Hubert

Le Québécois Nicolas Deschamps évolue comme receveur avec les Blue Jays de Dunedin.
Le Québécois Nicolas Deschamps évolue comme receveur avec les Blue Jays de Dunedin. Photo fournie par Nicolas Deschamps
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Photo portrait de Benoît Rioux

Benoît Rioux

2024-05-16T23:00:00Z
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Être l’un des meilleurs de son sport ne rime pas toujours avec millions de dollars dans le compte en banque et voitures de luxe. Plusieurs athlètes québécois, peu soutenus financièrement, en arrachent et font des sacrifices afin de pouvoir continuer à pratiquer leur discipline: travailler jusqu’aux petites heures du matin, renoncer à être propriétaire, dormir en pension lors des tournois...

Le Journal vous propose une série de reportages sur les deux côtés de la médaille: celui des athlètes les plus riches et celui des athlètes les plus pauvres.

Le joueur de baseball Nicolas Deschamps est peut-être l’ultime exemple qu’il faut être un travailleur acharné pour arriver à ses fins dans le sport professionnel. 

En plus de poursuivre son développement comme athlète, celui qui évolue au poste de receveur dans l’organisation des Blue Jays de Toronto arrondit ses fins de mois, durant la saison morte, en travaillant comme cuisinier à temps partiel dans une rôtisserie St-Hubert à Val-Bélair. Sans vouloir verser dans la cruauté animale, on résumera en disant qu’il a retiré plusieurs poulets en tentative de vol durant l’hiver.

«Il faut bien gagner sa vie», convient-il, en riant, précisant occuper cet emploi pendant une vingtaine d’heures par semaine.

Vous aurez évidemment compris que Deschamps, 21 ans, fait partie des espoirs des ligues majeures et qu’il évolue plutôt pour les Blue Jays de Dunedin, au niveau A.

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Le Québécois n’avait que 18 ans quand, en août 2021, il a conclu un contrat avec l’organisation des Jays à titre de joueur autonome. Deschamps a alors touché 20 000$ comme boni de signature, soit le maximum permis pour les joueurs n’ayant pas été sélectionnés parmi les 20 rondes du repêchage.

Dans un contexte suivant la pandémie, l’athlète avait du même coup tourné le dos à une bourse d’études de l’Université Stetson afin de passer chez les pros.

«C’est un gars qui n’a pas eu l’occasion d’obtenir un gros boni de signature, mais qui n’a pas hésité à accepter notre offre, vient confirmer le recruteur des Blue Jays, Jasmin Roy. On parle d’un vrai passionné, d’un travaillant et il est là pour les vraies raisons.»

De meilleures conditions

Depuis son association avec les Jays, Deschamps a d’abord été en mesure de s’en tirer avec un salaire modeste d’environ 1000$ par mois, un salaire ayant cependant profité d’un agréable bond depuis la saison dernière.

Grâce à une première convention collective signée par les joueurs des ligues mineures en 2023, le salaire saisonnier d’un joueur au niveau A, où Deschamps a débuté la présente saison, est effectivement passé de 11 000$ à 26 200$. Les conditions se sont également améliorées alors que la nourriture est désormais fournie au complexe d’entraînement et que des indemnités sont prévues quand l’équipe ne joue pas.

«Comparativement à mes débuts, mon salaire mensuel a quasiment triplé, ça fait une grosse différence», a convenu Deschamps, qui donne également des cours de baseball aux plus jeunes, dans la région de Québec, durant la période hivernale.

Il ne lâchera pas

Au passage, Deschamps a lui-même mis les bouchées doubles à l’entraînement dans les installations du programme sport-études des Canonniers. Il s’est notamment entraîné à quelques reprises avec Édouard Julien, des Twins du Minnesota, afin d’améliorer son apport offensif. Il a d’ailleurs très bien amorcé la saison, avec une moyenne au bâton de ,286, avant de se blesser à une épaule en volant un but à la mi-avril.

«Ça fait longtemps qu’on connaît Nicolas et ça fait longtemps que c’est un travailleur acharné, a résumé Jean-Philippe Roy, directeur du programme sport-études des Canonniers. Ça prend une grande maturité et un désir de se surpasser pour arriver à faire ce qu’il fait.»

«En ayant signé avec les Blue Jays comme joueur autonome, il faut peut-être qu’il travaille un peu plus que les autres pour rester dans l’organisation, d’avancer Roy. Il a l’avantage d’être un bon receveur et les équipes auront toujours besoin de joueurs à cette position. Ce qu’on sait surtout, c’est que Nicolas ne lâchera pas.»

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