Nickel dans l’air: Québec persiste et signe
Le gouvernement assure qu’il n’y a pas de risque pour la santé de la population


Nicolas Lachance
Le gouvernement Legault compte toujours augmenter sa norme de concentration de nickel dans l’air pour des raisons économiques, malgré l’opposition du maire de Québec et des citoyens de Limoilou qui craignent pour leur santé.
«Les inquiétudes sont beaucoup plus au niveau de la qualité de l’air que de la norme nickel. La nouvelle norme, elle est proposée en vertu de règles scientifiques clairement établies», a plaidé le ministre de l’Environnement Benoit Charette lors de la période de questions. «Oui, il y a une volonté économique derrière tout ça, mais jamais ça ne devait se faire et jamais ça ne se fera au détriment de la santé publique.»
Québec veut permettre à l’industrie minière de quintupler la norme d’émission de particules de nickel dans l’air de 14 ng à 70 ng quotidiennement.
Il nage toutefois à contre-courant dans ce dossier. Même le maire de Québec, Bruno Marchand, s’oppose à la hausse après avoir entendu les explications des experts du gouvernement et de la Santé publique régionale.
Motion rejetée
La CAQ a même refusé mardi de débattre d'une motion présentée par le Parti Québécois, conjointement avec les autres partis d'opposition, qui demandait à Québec de respecter le principe de précaution en matière de concentration de nickel.
«Il est inacceptable que le gouvernement du Québec, que le ministre de l'Environnement Benoit Charette, ne respecte pas sa propre loi qui est la Loi sur le développement durable, qui dispose de ce que j'appelle le principe "ne prend pas de chance", qui est le principe de précaution, et qui doit être appliquée dans le dossier des normes de nickel ici à Québec, particulièrement à la basse ville et dans le quartier Limoilou», a affirmé le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault.
Économique
Pour le gouvernement Legault, le nickel est «une composante clé pour l’électrification des transports» et pour sa stratégie de développement de la filière de batteries pour véhicules électriques.
Selon la députée libérale Isabelle Melançon, le ministre de l’Environnement fait passer certains intérêts économiques avant la santé des citoyens.
«Dans un avis daté du 19 février 2021, la Santé publique de la Capitale-Nationale note que la justification de la nouvelle norme n’est pas d’ordre toxicologique, mais plutôt économique. Ça fait deux ans que le gouvernement demande aux Québécois d’écouter la Santé publique», a-t-elle souligné.
Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a salué le leadership du maire de Québec, Bruno Marchand, et le front uni de tous les élus de la ville de Québec.
«Je pense qu'il faut se rendre à l'évidence, là, cette décision-là de la CAQ, elle ne passe pas. Elle ne passe pas à Montréal, elle ne passe pas à Québec, elle ne passe pas à Rouyn-Noranda. En fait, elle ne passe nulle part. Au Québec, la santé du monde, ça devrait toujours passer avant les profits des multinationales», a-t-il dit.