Nickel: accueil citoyen mitigé pour la sortie du Port de Québec


Taïeb Moalla
Les groupes citoyens de Québec ont accueilli de façon mitigée la sortie du Port de Québec qui a formellement demandé au gouvernement Legault de suspendre l’application du nouveau règlement sur le nickel.
«Je me méfie toujours des gens qui déchirent leur chemise le lendemain du party», s’est exclamée Véronique Lalande, porte-parole de l'Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec, jeudi, en entrevue avec Le Journal.
Mercredi soir, quelques heures avant l’entrée en vigueur d’une nouvelle norme plus permissive sur le nickel, le Port de Québec a effectué une sortie fort remarquée dans laquelle il réclamait la suspension de la nouvelle réglementation et il réfutait les accusations de manque de transparence.
«Le Port de Québec joue sur les mots. Ce qu’ils font est intellectuellement extrêmement malhonnête, a avancé Mme Lalande. C’est un exercice de relations publiques, car ils se rendent compte que la lumière est sur eux. S’ils étaient préoccupés de la situation des citoyens, ils avaient tout le loisir de le faire bien avant la date d’entrée en vigueur.»
Position plus nuancée
Sébastien St-Onge, résident de Limoilou et coauteur d’un mémoire dans lequel plus de 900 parents s’opposaient au changement de la norme sur le nickel, a toutefois une position beaucoup plus nuancée.
D’après lui, «s’il peut y avoir un report (de l’application du nouveau règlement) pour avoir un espace pour discuter de solutions concrètes, ce serait vraiment bienvenu».
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Ce dernier voit d’ailleurs d’un bon œil l’idée d’impliquer le palier fédéral dans les discussions. «Je ne sais pas si le Port est un allié, mais le report est absolument une bonne idée. Donnons-nous le plus d’espace possible pour trouver des solutions», a-t-il suggéré.
De son côté, l’association générale des étudiantes et étudiants du Cégep Limoilou (AGEECL) s’est exprimée contre la hausse de la norme de nickel en invoquant «la défense du droit à la santé des étudiants».
«Ce n’est pas en faisant une diversion en interpellant le ministre (fédéral) Guilbeault que le ministre Charette peut se soustraire de ses responsabilités envers l’environnement et la santé de ses citoyen.e,s», s’est exclamée la porte-parole Anaïs Gousse par voie de communiqué.
«En dessous du tramway»
Appelé à réagir jeudi matin en marge d’une annonce, Bruno Marchand s’est dit d’accord avec le Port sur l’idée de reporter l’application du nouveau règlement entré en vigueur aujourd’hui.
De façon imagée, le maire de Québec a dit décoder que «le Port n’a pas aimé être mis en dessous du tramway par le ministre de l’Environnement. Leur réaction a été de dire qu’on a le goût de collaborer et on souhaite être transparent (...) Je m’attends à ça d’un Port : qu’il soit partie prenante d’une communauté et qu’il ne soit pas en vase clos».
Qu’il s’agisse du nickel ou des autres polluants atmosphériques, M. Marchand a répété que «ce dont on a besoin d’abord c’est de s’assurer que les données que nous avons sur l’ensemble du territoire soient colligées, partagées avec les citoyens et nous permettent de faire les bonnes analyses».
– Avec la collaboration de Jean-Luc Lavallée