Nétanyahou veut «contrôler», mais pas «gouverner» Gaza
AFP
Benjamin Nétanyahou a assuré dans une interview diffusée jeudi sur Fox News qu'Israël «avait l'intention» de prendre le contrôle de la bande de Gaza, mais «pas de la gouverner», alors que les médias israéliens évoquent une possible conquête totale du territoire palestinien.
«Nous en avons l'intention», a répondu le Premier ministre israélien à la question de savoir si son pays comptait prendre le contrôle de la totalité de ce territoire.
'WE INTEND TO': Israeli prime minister @netanyahu tells FOX News' @BillHemmer that Israel is aiming to take control of Gaza in order to liberate its people from the grips of Hamas and end the threat of the terror regime against his country. pic.twitter.com/lxQkYKHEB8
— Fox News (@FoxNews) August 7, 2025
«Nous ne voulons pas garder (Gaza). Nous voulons mettre en place un périmètre de sécurité, mais ne voulons pas la gouverner», a toutefois ajouté Benjamin Nétanyahou.
«Nous voulons passer le relais à des forces arabes qui gouverneront correctement sans nous menacer et en offrant une vie agréable aux habitants de Gaza. Cela n'est pas possible avec le Hamas», a-t-il continué.
Cette entrevue a été diffusée sur Fox News avant que le Premier ministre israélien ne réunisse jeudi son cabinet de sécurité pour décider des suites de la guerre dans le territoire palestinien, où l'extension attendue des opérations militaires suscite les cris d'alarme des familles d'otages et les réserves du chef d'état-major de l'armée.
L'armée israélienne occupe ou opère actuellement au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire.
La Défense civile de Gaza a fait état jeudi de la mort de 35 personnes tuées par des frappes ou des tirs israéliens.
«Les plans de Nétanyahou [...] confirment sans l'ombre d'un doute son désir de se débarrasser des otages et de les sacrifier dans la poursuite de ses intérêts personnels et de son agenda idéologique extrémiste», a affirmé le Hamas, qui détient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts.

Pas une promenade de santé
Dénonçant «un revirement flagrant du processus de négociation [...] malgré la proximité d'un accord final», le Hamas assure que «toute escalade [...] ne sera pas une promenade de santé et aura un coût élevé et douloureux» pour Israël.
La presse israélienne annonce depuis plusieurs jours un plan visant «à conquérir l'ensemble de la bande de Gaza, y compris la ville de Gaza et les camps de réfugiés» situés dans le centre du territoire, une opération de plusieurs mois qui nécessitera une mobilisation massive de réservistes.
Alors que la presse s'est fait aussi l'écho des réserves du chef d'état-major, voire de son opposition à ce plan présumé, l'intéressé s'est pour la première fois exprimé publiquement jeudi: «Nous continuerons d'exprimer notre position sans crainte, de manière pragmatique, indépendante et professionnelle», a commenté le lieutenant-général Eyal Zamir.
Et de mettre en garde: «Nous ne limiterons plus notre réponse. Nous éliminerons les menaces à leur stade précoce dans tous les domaines et continuerons à travailler pour atteindre nos objectifs».
L'armée israélienne occupe ou opère actuellement au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 86,3% du territoire est militarisé par Israël et soumis à des ordres d'évacuation. Les zones non occupées sont aussi les plus peuplées: les villes de Khan Younès et Gaza, les camps de réfugiés de Deir-el-Balah, dans le centre du territoire.
Après 22 mois d'une guerre dévastatrice, la bande de Gaza, assiégée, est menacée d'une «famine généralisée», selon l'ONU, et totalement dépendante de l'aide humanitaire, distribuée en quantités largement insuffisantes selon les humanitaires.
Quelque 2,4 millions de Palestiniens vivent au quotidien sous les bombes dans cet étroit territoire qui longe la Méditerranée. Les représailles israéliennes y ont déjà fait 61.258 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Du côté israélien, l'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
Israël avait déjà occupé Gaza en 1967 et implanté un ensemble de 21 colonies israéliennes, démantelées en 2005 avec le retrait unilatéral décidé par le Premier ministre d'alors, Ariel Sharon.
99 morts de faim
Entre un «contrôle militaire à court terme de l'ensemble de la bande, une domination militaire à long terme et un possible retour des colonies juives», «l'occupation complète» voulue par Nétanyahou n'est pas du tout claire, analyse le Times of Israël.
L'opinion israélienne s'alarme toujours plus du sort des otages encore retenus à Gaza. La diffusion par le Hamas et le Jihad islamique de vidéos de propagande montrant deux d'entre eux, très affaiblis et amaigris, ont suscité colère et émotion en Israël, mais aussi à l'étranger.
Ils étaient encore plusieurs centaines de proches des otages à manifester jeudi soir devant les bureaux du Premier ministre pour exiger la fin de la guerre et un accord qui permettrait la libération des derniers captifs.
Le matin même, trois voiliers affrétés par des familles d'otages se sont symboliquement rapprochés des côtes de Gaza pour jeter des bouées à la mer et lancer un cri d'alarme: «Mayday!».
Nouveau front intérieur pour Nétanyahou: les juifs orthodoxes ont appelé à la mobilisation contre l'obligation de la conscription militaire, à laquelle la plupart échappent pour le moment, et que l'État entend leur imposer. Plusieurs centaines d'entre eux ont manifesté jeudi à Jérusalem.
À Gaza, la Défense civile a fait état d'au moins 35 personnes tuées par des frappes ou des tirs israéliens.
L'Organisation mondiale de la santé a annoncé que 99 personnes, dont 29 enfants de moins de cinq ans, étaient mortes de malnutrition depuis le début de l'année, «des chiffres probablement sous-estimés», a souligné le directeur général de l'agence, Tedros Adhanom Ghebreyesus.