Négociations tarifaires: Trump tenterait d’obtenir des accords «finaux» au moyen de ses lettres, selon un analyste politique

Mina Collin
Au moyen de lettres distinctes publiées sur sa plateforme Truth Social samedi, le président américain Donald Trump a annoncé au Mexique et à l’Union européenne l’imposition de droits de douane de 30%, une tactique qui révèlerait une «lassitude» de la part de la Maison-Blanche, selon un analyste politique.
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«Avec ces nouvelles lettres qui ont été envoyées, [...] on dirait que le président américain est ennuyé [par ces] négociations», a expliqué Georges Mercier, analyste et doctorant en science politique à Sciences Po Paris. «Ces lettres ne sont pas seulement des menaces, mais peut-être même le deal final.»
«Ce qu’il a dit à l’Union européenne, c’est: “Regardez, les États-Unis vous imposeront 30% de tarifs douaniers, vous ne nous imposerez rien et c’est la dernière offre qu’on vous fait”», a-t-il expliqué en entrevue à LCN, samedi.
L’envoi de ces lettres soulève cependant des questions: constituent-elles de vraies menaces et doivent-elles être prises au sérieux?
Selon M. Mercier, il ne faut pas prendre au pied de la lettre ce que Donald Trump dit et plutôt patienter jusqu’au 1er août, date butoir des négociations, pour voir s’il mettra en action ses menaces.

«Contrairement aux premières annonces de tarifs douaniers où Donald Trump signait des décrets, là il ne fait qu’envoyer une lettre. Donc, entre envoyer une lettre et envoyer un message [dans] Truth Social, il n’y a pas [de] grande différence», a-t-il expliqué.
L’envoi de lettre devient donc une tactique de négociations qui n’aurait pas de conséquences juridiques pour le président américain.
Le pouvoir de Trump d’établir des tarifs de manière unilatérale a notamment été contesté par les tribunaux.
«Peut-être qu’éventuellement, c’est un pouvoir qui va lui être retiré», a supposé le doctorant. «Donc s’il envoie une lettre, il n’ouvre pas la porte à une contestation judiciaire, ça n’a pas valeur de loi. Alors que s’il avait signé un nouveau décret, il [y] aurait pu avoir une contestation devant les tribunaux.»
L’analyste croit que la crédibilité de Trump à agir en a pris un coup ces dernières semaines. Un indice bien réel: la Bourse n’a pas chuté comme cela avait été le cas l’hiver dernier.
«Les gens ne lui font plus confiance. Ils pensent que c’est des mots en l’air et donc qu’il va rétropédaler comme il le fait depuis trois mois bientôt», a-t-il dit.
Pour voir l’entrevue intégrale, visionnez la vidéo ci-dessus.