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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Négociations avec la FMOQ et la FMSQ: Québec veut contrôler les enveloppes des médecins

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Photo portrait de Patrick Bellerose

Patrick Bellerose

2024-11-29T15:52:08Z
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Le ministre Dubé a abattu une carte importante, vendredi, dans les négociations avec les médecins: Québec veut contrôler jusqu’à 40% de leurs enveloppes salariales, contre à peine 5% présentement, dans le but de déterminer quels actes seront mieux rémunérés.

«En ce moment, avec la façon dont les anciens gouvernements avaient donné le contrôle sur les enveloppes, on n’a rien à dire sur qui fait quoi avec cet argent-là», a déploré le ministre de la Santé.

La gestion est laissée «complètement à la direction des deux syndicats» qui représentent les médecins spécialistes et omnipraticiens, affirme Christian Dubé.

Québec espère avoir la mainmise sur les enveloppes afin d’imposer des tarifs différenciés, selon les besoins.

«Pour que, par exemple, certaines spécialités soient mieux rémunérées [et] qu’on prenne l’argent dans d’autres spécialités qui sont probablement trop rémunérées», a expliqué le ministre.

«C’est normal qu’on paie différemment un médecin qui va se déplacer pour aller dans une RPA ou pour aller dans un CHSLD», illustre-t-il.

En parallèle, Québec veut pouvoir exiger des «résultats» pour les sommes décaissées. «C’est un gros changement. Ça ne s’est jamais fait», assure Christian Dubé.

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Le contrôle actuel sur seulement 5% des enveloppes est «ridicule», estime le ministre. Il vise plutôt 30% à 40%.

Dures négos à venir

La sortie du ministre a été accueillie de façon cinglante par la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).

«On n’a pas le temps de répondre aux propos du ministre de la Santé: on a plus important à faire», a écrit la fédération sur la plateforme X. Le message était accompagné d’une photo de son président, Dr Vincent Oliva, en salle d’opération au CHUM.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), pour sa part, dit aller de surprises en surprises avec le ministre, ces derniers mois.

Au cours de son point de presse, Christian Dubé a glissé que ces négos pourraient être un de ses derniers gestes en politique. «J’ai dit que je n’étais pas là pour me faire réélire. [...] Je vais être exigeant dans les négociations qui s’en viennent parce que je veux être exigeant pour les Québécois», a-t-il déclaré.

Bonne ou mauvaise idée?

Mais sa proposition a été accueillie très différemment par deux experts du domaine.

L’ex-patron de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, David Levine, a salué le «courage» du ministre. «La dynamique doit changer! Que le gouvernement mette ses culottes», a-t-il commenté.

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Selon lui, quelques spécialités doivent gagner moins d’argent, notamment la radiologie.

À l’opposé, l’ex-ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a qualifié l’idée de «ridicule». Le ménage dans les tarifs a déjà été fait, du temps où il présidait la FMSQ, assure-t-il.

Mais surtout, il invite Québec à appliquer les lois 20 et 130, qu’il a fait adopter, afin d’imposer des contraintes aux omnipraticiens et aux spécialistes.

«C’est bien beau de blâmer les anciens gouvernements, mais je pense qu’il est temps pour Christian Dubé d’arrêter de regarder son petit nombril et de regarder ce qu’il n’a pas fait, avant d’accuser tout le monde», a-t-il lancé, visiblement courroucé.

Selon lui, la proposition de M. Dubé n’atteindra pas la cible. «Ce n’est que du pur populisme», tranche-t-il.

– Avec la collaboration d’Héloïse Archambault

Comment ça fonctionne

  • La Fédération des médecins spécialistes négocie le montant des divers actes avec ses 35 associations (représentant les différentes spécialités), afin de répartir la somme globale dédiée aux médecins. Le tout est ensuite approuvé par le gouvernement.
  • De la même façon, Québec doit négocier avec la Fédération des médecins omnipraticiens pour réallouer des sommes qui n’ont pas été dépensées durant la durée d’une entente.
  • Une fois les ententes conclues, la Régie de l’assurance maladie du Québec supervise les dépenses.

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