Négligence en milieu hospitalier: une technologue éclaboussée par un liquide radioactif à l’Hôpital général juif de Montréal
Agence QMI
Un incident survenu à l’Hôpital général juif de Montréal en avril dernier soulève de vives inquiétudes quant à la sécurité du personnel en médecine nucléaire et au manque de protocole en cas d’incident.
Une technologue en médecine nucléaire aurait été accidentellement éclaboussée au visage et sur le haut du corps par une solution radioactive, alors qu’elle transportait un contenant.
C’est ce qu’a révélé, jeudi, Catherine Pigeon, représentante nationale à l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, au micro d’Isabelle Perron à QUB radio et télé, diffusée en simultané au 99,5 FM à Montréal.
«[L’employée] se préparait. Elle avait rempli la seringue qui contenait une solution radioactive. Elle se préparait à l’amener au patient pour faire un examen à la [machine de] tomographie par émission de positons (TEP) [qui est notamment utilisée pour] diagnostiquer le cancer. [...] Elle est habituée de manipuler ce genre de produit. Elle transporte la solution, qui est dans un autre pot en plomb, et puis le pot tombe, éclate à terre et lui éclabousse le visage et le haut du corps», a-t-elle raconté.
Selon Mme Pigeon, l’intervention qui a suivi cet accident révèle un manque de préparation, une absence de protocole clair, de la décontamination improvisée et des gestionnaires dépassés.
«Elle s’est changée et s’est mise en scrubs, en uniforme d’hôpital, pour changer ses vêtements qui étaient également contaminés. Elle s’est lavé le visage, les mains et tout. Et puis là, c’est un peu la question: qu’est-ce qu’on fait? Qu’est-ce que la personne devrait faire quand il y a une éclaboussure sur un humain?»
La technologue aurait fait appel à sa gestionnaire, qui aurait ensuite contacté la responsable de la Radio-Protection de l’Hôpital général juif. «La gestionnaire ne savait pas quoi faire. La responsable de la Radio-Protection de l’hôpital ne semblait pas savoir quoi faire», a affirmé Mme Pigeon.
«Il n’y a personne sur place qui sait quoi faire, qui sait où trouver le protocole en code dès que l’éclaboussure est sur une personne. [...] S’il y a un déversement par terre, le protocole est plus facilement accessible, il est mieux connu, mais lorsque ça touche un humain, il n’y a personne qui est impliqué dans l’accident, gestionnaire ou responsable qui savait [...] quoi faire pour intervenir.»
Des patients exposés au danger?
Finalement, la technologue a subi une décontamination sommaire avant que la Commission canadienne de la sûreté nucléaire ne soit avisée et lui demande de prendre une douche. Malheureusement, faute de douche accessible dans le département de médecine nucléaire, l’employée a dû traverser un autre service pour se rendre dans la douche des employés.
«Ça, c’est une des problématiques dans l’histoire.»
Une TEP de la technologue a également révélé qu’elle avait inhalé et ingéré des particules radioactives. Les conséquences à long terme demeurent inconnues. Elle a ensuite été isolée puis renvoyée chez elle en voiture.
Catherine Pigeon dénonce «le fait qu’il n’y ait pas de protocole» lorsque ce genre d’incident se produit, précisant qu’une enquête a été ouverte par la Santé publique. «C’est très inquiétant.»
Le CIUSSS réagit
«Les allégations qui ont été formulées ne reflètent pas fidèlement les événements qui se sont produits. Le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal ne fait aucun compromis en matière de sécurité de ses employé(e)s et de ses usager(ère)s», a-t-on indiqué dans un courriel à l’Agence QMI.
Le CIUSSS confirme que des «protocoles complets» sont en place «pour tous les scénarios possibles, y compris l’incident en question».
Écoutez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus.