Mythe alimentaire: Les épinards ne sont pas très riches en fer

Annie Ferland
Très longtemps, on a pensé que les épinards étaient incroyablement riches en fer.
Tellement, qu’on s’est servi de ce légume vert pour faire gonfler les biceps de Popeye et pour faire campagne des « jours sans viande » pendant la Deuxième Guerre mondiale. Mais la vérité, c’est que la teneur en fer des épinards est plutôt ordinaire. Retour sur l’histoire nutritionnelle rocambolesque d’une fausse information riche en exagération.
Remonter à la source
L’origine de cette croyance est nébuleuse. Certains attribuent cette erreur au scientifique E. von Wolf – ou à sa secrétaire, selon les mauvaises langues – qui, en 1870, aurait mal placé une virgule en retranscrivant l’information. D’autres pensent que cette gaffe aurait été faite par un chercheur nommé Gustav von Bunge, qui aurait mesuré la valeur nutritionnelle des épinards déshydratés plutôt que celle des épinards frais.
Soulever l’exagération
En 1937, soixante-sept ans plus tard, des chimistes tirent la sonnette d’alarme. Ils tentent de trouver la source de cette confusion et décident de mesurer à nouveau la teneur en fer des épinards. Ils mettent à jour l’erreur et tentent de rétablir la vérité. En vain, personne ne veut les écouter !
Défaire les fausses croyances
S’il y a une chose qui ne change pas avec les années, c’est bien les fausses croyances, qui ont une vie très longue. Cette histoire nous donne une bonne leçon, en soulignant l’importance de vérifier les sources lorsqu’on fait face à une information sensationnelle en nutrition. Il vaut toujours mieux garder la tête froide plutôt que de tout croire dur comme fer et de manger des épinards en conserve.
En rétrospective, personne ne sait ce qui est vraiment arrivé avec le fer et les épinards. En 1870, on ne comptabilisait pas les données scientifiques avec la même rigueur qu’aujourd’hui. À moins de retrouver des écrits de l’époque qui retracent le cheminement de cette erreur de mesure ou de typographie, la vérité est perdue. Heureusement, les faits sont maintenant établis et on sait qu’il ne faut pas miser sur les épinards pour combler l’ensemble de nos besoins en fer.