France: jugé pour le meurtre de sa femme, Cédric Jubillar «conteste toujours les faits»

AFP
«Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés»: Cédric Jubillar a maintenu ses dénégations lundi au premier jour de son procès pour le meurtre de son épouse Delphine, une infirmière de 33 ans disparue fin 2020 dans le sud-ouest de la France et dont le corps n'a jamais été retrouvé.
Lors de la disparition de Delphine Jubillar, la France vivait au rythme des couvre-feux liés à l'épidémie de Covid-19 et l'actualité judiciaire avait été marquée fin novembre par la condamnation dans l'est du pays de Jonathann Daval, un féminicide retentissant dans lequel l'accusé avait longtemps joué le mari éploré, avant d'avouer avoir tué sa femme.
Dans ce contexte, le dossier Jubillar a rapidement pris une importante dimension médiatique qui ne s'est pas démentie en plus de quatre ans de procédure.

Veste de jogging bleu, alliance à l'annulaire gauche, ce peintre-plaquiste de 38 ans a une nouvelle fois clamé son innocence.
Barbe et crâne rasés, l'accusé s'est longuement exprimé sur lui, à l'invitation de la cour d'assises du Tarn qui a choisi de commencer ce long procès de quatre semaines par l'examen de sa personnalité, avant d'aborder les faits.
Parcours difficile
Une enquêtrice de personnalité, sur la base d'un rapport établi après 46 témoignages, a dressé le portrait d'un homme au parcours difficile, dont l'enfance, entre placements, défaillances maternelles et violences subies, a été «marquée par des abandons et des rejets successifs», vécus comme des injustices.
Décrit comme «arrogant», «gueulard», mais aussi «gentil», «nonchalant» ou «jovial», Cédric Jubillar se définit lui à la barre comme «quelqu'un de simple, extravagant de temps en temps». «J'aime bien prendre de la place et donner mon avis sur tout», ajoute-t-il.

La responsable d'une famille d'accueil l'ayant pris en charge adolescent, le décrivait comme «quelqu'un que rien ne touche». «Qu'est-ce qui vous touche, M. Jubillar ?», l'a interrogé un avocat des parties civiles.
«La disparition de ma femme d'abord, ne pas voir mes enfants, ne pas avoir de contacts avec ma famille», répond l'homme qui ajoute: «mais je n'aime pas parler de mes émotions, je suis pudique».
Sur des aspects négatifs de son comportement pointés par l'accusation, Cédric Jubillar n'élude pas. Le cannabis ?
«Oui j'étais un gros consommateur, entre dix et quinze joints par jour» et il était conscient que cela grevait le budget familial pourtant modeste, tout en rendant instable son parcours professionnel.
Il «exhibe» son alliance
«La famille attend une double vérité» sur ce qu'il s'est passé à Cagnac-Les-Mines, lieu de la disparition de Delphine, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, et sur ce qu'il est advenu de son corps qui n'a jamais été retrouvé, a déclaré en marge de l'audience Mourad Battikh, avocat de cousins, tantes et oncles de Delphine, jugeant «quelque peu problématique» que l'accusé «exhibe» son alliance.

La cour d'assises du Tarn devrait rentrer mardi après-midi dans l'examen de ce qui est reproché à l'accusé.
En détention à l'isolement depuis juin 2021, il est soupçonné d'avoir fait disparaître à Cagnac-Les-Mines celle qui était son épouse depuis 2013, infirmière investie et mère de leurs deux enfants, parce qu'il ne supportait pas l'idée qu'elle le quitte pour un autre homme.
Pour les juges d'instruction, des indices - les lunettes cassées de Delphine, le témoignage du fils du couple ou encore des cris entendus par des voisines - montrent qu'une dispute a éclaté, au cours de laquelle la jeune femme a trouvé la mort.
En l'absence de cadavre, le comportement de l'accusé est venu renforcer les soupçons des enquêteurs: un mari qui participe peu aux recherches de son épouse, un homme qualifié d'impulsif qui tient, avant la disparition, devant témoins, des propos menaçants au sujet de sa femme si elle en venait à le quitter.
Codétenus et nouvelles petites amies ont aussi assuré que l'accusé leur avait avoué le crime ou donné des informations sur la localisation du corps de Delphine.
Mais en audition, Cédric Jubillar a toujours réfuté ou relativisé ces propos, des plaisanteries, selon lui, et les fouilles diligentées ont été infructueuses.
Le verdict est attendu le vendredi 17 octobre.