Musulmanes antivoile, vous êtes racistes!

Vendredi, dans La Presse, la chroniqueuse Isabelle Hachey s’en est prise à ceux et celles qui «agitent l’épouvantail de l’islam radical» pour presser l’adoption de la loi 94 qui élargira l’interdiction du port de signes religieux à tout le personnel scolaire.

Non seulement cette loi, selon madame Hachey, est discriminatoire contre les musulmanes, mais les gens qui la défendent ne connaissent rien de l’islam et ne savent pas de quoi ils parlent.

Et madame Hachey de citer un sociologue français qui affirme qu’en Iran se défaire du voile est un signe d’émancipation alors qu’en France, «le porter est un signe de liberté».

Vous avez bien lu.

Porter le voile en Occident est un «signe de liberté».

Ça me donne quasiment le goût d’en porter un.

Ah non, c’est vrai, je suis un homme et selon les musulmans rigoristes, seules les femmes doivent se voiler et faire preuve de pudeur dans leur façon de s’habiller.

Histoire de ne pas susciter le désir des hommes.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Des musulmanes islamophobes!

Dans son texte, madame Hachey (qui, j’imagine, sait de quoi elle parle, elle) cite une seule et unique personne pour appuyer sa thèse.

Un homme blanc non musulman qui enseigne à la Sorbonne.

Je sais que selon madame Hachey, qui est une grande spécialiste de l’islam, je fais partie de ceux qui ne connaissent rien à rien et qui font «mine de comprendre», mais j’aimerais rappeler à la chroniqueuse de La Presse que le 22 octobre 2019, dans le magazine Marianne, 100 personnes de «culture ou de confession musulmane» ont publié une lettre ouverte pour appuyer la laïcité et affirmer haut et fort que le voile était sexiste et obscurantiste.

«Voiler les femmes, c’est stigmatiser leur présence dans l’espace public», clamaient ces signataires.

Comment s’appelaient ces personnes?

Martineau? Hachey? David? Harel? Saint-Pierre? Ou Verba, comme le sociologue cité par la chroniqueuse?

Non.

Azzaoui. Barkia. Benabdallah. Benyoucef. Djaroud. Harmouz. Kourzi. Lamrani. Mimouni. Ouchallal. Sedjari. Tijani. Zaimi.

Je sais qu’aux yeux de madame Hachey, je suis un pauvre ignare, mais si madame la chroniqueuse venait jeter un coup d’œil sur ma bibliothèque, elle verrait qu’au fil des ans, des dizaines et des dizaines de femmes de culture arabo-musulmane ont signé des livres faisant l’éloge de la laïcité et pourfendant le voile.

Jeannette Bougrab, Fatiha Boudjahlat, Chahdortt Djavann, Taslima Nasreen, Nadia El-Mabrouk, Djemila Benhabib, Wassyla Tamzali, Yasmine Mohammed, Naëm Bestandji, Zana Ramadani, Samia Shariff, Razika Adnani, pour n’en nommer que quelques-unes.

Ces femmes viennent d’Algérie, du Maroc, d’Iran, de Tunisie, du Bangladesh.

Vous, madame Hachey, vous venez d’où?

Comment osez-vous dire que les hommes et les femmes qui appuient des lois comme la loi 94 ne connaissent rien à l’islam et ne sont que des propagateurs de haine?

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Les «vraies» musulmanes

Pour Isabelle Hachey, les «vraies» musulmanes sont celles qui portent le voile «pour se libérer».

Les autres sont des traîtresses.

Ou des ignares.

Instrumentalisées par de méchants Québécois de souche racistes et islamophobes qui agitent «l’épouvantail de l’islam radical en faisant mine de savoir de quoi ils parlent».

Parce que madame Hachey, elle, sait.

Plus que les musulmanes qui ont fui les régimes islamistes.