Musée de la civilisation: l’exposition sur le «Titanic» battra-t-elle le record de «Hergé à Québec»?

Cédric Bélanger
À quelques heures de l’ouverture au public de l’exposition Titanic. Récits et destin, il n’y a pas d’iceberg dans l’horizon du Musée de la civilisation. Des foules importantes sont attendues pour voir plus de 200 objets, dont certains sont aussi rares qu’inédits, qui ont été réunis à Québec.
«Nous n’avons pas fait de promotion et nous avons déjà plus de 2000 plages horaires réservées, sans même que personne n’ait vu l’exposition. Ça veut dire qu’il y a un grand intérêt», se réjouit la directrice générale du musée, Julie Lemieux.
Pas moins de 1500 personnes participent à l’inauguration officielle, mercredi soir. L’événement se tient à guichets fermés.

Peut-onPeut-on comparer l’engouement au vif succès qu’avait connu l’exposition Hergé à Québec? En 2017, une foule record de 420 000 personnes avait jeté un œil sur l’exposition consacrée au père de Tintin.
«C’est dans ces eaux-là», répond Mme Lemieux, qui garde cependant secrètes les prévisions d’achalandage pour Titanic. Récits et destin, à l’affiche jusqu’au 11 janvier 2026.

Objets rares et reconstitutions
Bref, la fascination pour le Titanic n’est pas près de s’estomper, constate l’historien maritime et spécialiste du célèbre navire Claes Wetterholm.
«C’est une histoire qui ne cesse de se construire et on se sent captivé. Plus on lit à son sujet, plus elle devient fascinante», dit-il.
Titanic. Récits et destin, une exclusivité canadienne, se distingue d’autres productions à propos du navire. Elle s’intéresse aux humains derrière la tragédie.
Collier, pièces de vêtement, articles de cuisine: plusieurs objets ayant appartenus aux passagers ou qui sont liés au bateau, qui a sombré dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, au large de Terre-Neuve, sont en montre et permettent d’en savoir plus sur les naufragés.
Dès son arrivée, le visiteur peut apercevoir l’un des rares gilets de sauvetage du Titanic encore existant.

Les reconstitutions du bateau, de ses cabines et de son épave captivent. On a même recréé une passerelle qui mène à une image grandeur presque nature du fameux escalier du Titanic.

Expositions d’envergure en péril?
Si l’exposition est en voie d’être un succès, la direction du musée ne cache pas son inquiétude de ne plus bénéficier d’une subvention annuelle de 500 000$ dans le cadre de l’Entente de développement culturel avec la Ville de Québec.
Le gouvernement du Québec et la Ville contribuent à cette aide financière. Après révision, la Ville, qui gère l’enveloppe de 1 M$ par an, a jugé préférable de distribuer les fonds à de plus petits organismes culturels plutôt qu’au Musée de la civilisation et au Musée national des beaux-arts, comme c’était le cas depuis plusieurs années.
«Ça complexifie les choses», indique Julie Lemieux, lorsqu’on lui demande si la fin de l’aide financière menace la présentation d’exposition d’envergure internationale.

«Nous avons fait le choix, pour les années 25 et 26, d’attribuer ce million à nos organismes culturels locaux, comme Première ovation, puis pour aider la bonification de nos programmes dédiés aux organismes. Ce sont des choix difficiles à faire, mais qui répondent à un besoin criant dans la culture locale», explique François Moisan, un porte-parole de la Ville.
Le Musée de la civilisation entend néanmoins revenir à la charge auprès de la Ville, cet automne, avec en main des données sur les retombées de l’exposition sur le Titanic.