Mur de béton défoncé à la prison de Québec: «Difficile d’avoir des yeux partout», constate le syndicat des agents correctionnels

Vincent Desbiens
Des détenus du Centre de détention de Québec ont réussi à percer un mur de béton entre deux secteurs de la prison, mercredi soir. Le syndicat des agents correctionnels du Québec pointe du doigt le manque d’effectifs et l’épuisement généralisé des employés.
«Difficile d’avoir des yeux partout quand on manque autant d’effectifs. Nos agents sont épuisés et ça peut expliquer pourquoi les personnes qui ont fait ça ont pu le faire sur le long terme sans se faire prendre», fait valoir le président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, Mathieu Lavoie.
Un pan de mur qui sépare deux secteurs sous protection de la prison d’Orsainville est tombé sous les efforts d’un groupe de détenus, mercredi soir. Ces derniers ont utilisé les morceaux de métal d’une base de lit pour perforer le béton et créer une voie de passage vers une autre aile du centre de détention.
«Ce n’est pas rare qu’on voie ça, des murs défoncés. D’habitude, c’est entre deux cellules ou sur un mur extérieur pour permettre la livraison de produits extérieurs par drone», poursuit le président de Syndicat.
Enquête en cours
Une enquête administrative a été ouverte pour comprendre ce qui s’est passé dans cette affaire. Chose certaine, les deux ailes impliquées n’abritent pas de membres de la Blood Family Mafia ou des Hells Angels, selon Mathieu Lavoie.

D’après des informations d’abord révélées par Le Soleil, l’objectif de cette manœuvre était vraisemblablement d’aller s’en prendre à d’autres personnes incarcérées. Les pensionnaires du secteur visé ont toutefois eu le temps d’aller se mettre en sécurité dans leur cellule et personne n’a été blessé au cours des troublants événements.
«On ne sait pas pourquoi ils ont fait ça. Ça peut être pour plein de raisons: pour une dette de drogue ou d’argent, pour récupérer des objets ou pour aller intimider. On ne connaît pas les détails pour l’instant.»
«À bout»
Les membres du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels et leur président martèlent que le temps supplémentaire obligatoire gruge leur énergie, alors que la tâche s’alourdit en raison du contexte de violence du crime organisé qui se transpose entre les murs.
«On est vraiment à bout, déplore Mathieu Lavoie. À Québec, on a 15 à 20 agents qui font du temps supplémentaire obligatoire chaque jour. [...] Le nombre et l’intensité des événements violents ont augmenté à travers le réseau dans les dernières années, et ça demande encore plus de vigilance.»
Rappelons que la convention collective des 2700 agents correctionnels des centres de détention du Québec est échue depuis plus d’un an. Les négociations achoppent, entre autres, sur la charge de travail.
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