Municipales 2025: Jeunes maires, grands défis
Kevin Crane-Desmarais
À l’approche des élections municipales, plusieurs jeunes élus s’apprêtent à solliciter un nouveau mandat dans la grande région de Montréal. Catherine Fournier (Longueuil), Stéphane Boyer (Laval), Mathieu Traversy (Terrebonne) et Guillaume Tremblay (Mascouche) ont tous un point commun: ils ont accédé au pouvoir à un âge où la politique est encore souvent perçue comme un terrain réservé aux plus âgés.
Rencontrés par TVA Nouvelles, ils partagent leur parcours, leurs réflexions... et un message clair: la jeunesse a sa place en politique.
«Il faut sortir du moule classique»
Élue en 2021 à 29 ans, Catherine Fournier est devenue la plus jeune femme à diriger une grande ville québécoise, Longueuil. Déjà familière du monde politique après un mandat comme députée à l’Assemblée nationale, elle est bien consciente de la rareté des jeunes en politique municipale.
«Je n’ai jamais senti de barrière. Les gens m’ont donné un très grand gage de confiance», s’est-elle confiée.

Pour elle, la question de la représentativité ne se limite pas à l’apparence.
«C’est bien correct qu’il y ait des hommes plus âgés qui se présentent en politique. Il y en faut aussi, mais il faut de tout. Il faut sortir du moule classique. La représentativité, ce n’est pas juste une question d’image. C’est quand on prend des décisions pour l’avenir de notre communauté ou de notre société. En ayant des personnes différentes autour de la table, on s’assure qu’il n’y ait pas d’angle mort», a-t-elle soulignée.
«J’ai une baby face»
Élu maire de Laval à 33 ans en 2021, Stéphane Boyer, aujourd’hui âgé de 37 ans, a lui aussi dû faire face aux préjugés liés à son jeune âge... et à son apparence.
«J’avais peur que ça joue contre moi, l’âge, a-t-il indiqué. En plus, j’ai une baby face, j’ai l’air très jeune. Je craignais que les gens ne votent pas pour moi. J’avais peur que les gens pensent que ce serait un reflet d’un manque d’expérience, la jeunesse. Et à ma grande surprise, pas du tout.»

Pour lui, la jeunesse en politique est une richesse.
«Parfois, c’est peut-être ça le problème des gouvernements, ils sont englués dans une façon de faire qui n’a pas changé depuis vraiment longtemps, a-t-il dénoncé. Quand tu amènes un jeune, il arrive avec un regard totalement différent et il n’est pas forcément pris dans des ornières qu’il a depuis 15 ou 20 ans.»
«La jeunesse est très valorisée aujourd’hui»
Maire de Terrebonne depuis 2021, Mathieu Traversy (41 ans) a aussi siégé comme député à l’Assemblée nationale. Selon lui, la perception des jeunes en politique a nettement évolué.
«Quand j’ai commencé, c’était vu comme un sacrifice à la nation. On présentait un jeune dans des circonscriptions ou dans des postes où on savait que les chances n’étaient pas très élevées. Puis, on se disait qu’ils vont gagner en expérience, ils vont se faire les dents et un jour ça sera leur tour», a-t-il expliqué.

Aujourd’hui, dit-il, les jeunes sont bien plus présents et reconnus à tous les paliers.
«Si on regarde aujourd’hui le paysage politique québécois, on voit que la jeunesse est très valorisée, a-t-il ajouté. On retrouve des gens de la nouvelle génération dans tous les paliers politiques. C’est beaucoup plus accepté maintenant qu’à l’époque.»
«On a ouvert la porte aux jeunes»
À Mascouche, Guillaume Tremblay a été élu maire en 2013, à seulement 29 ans, après un passage à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, il croit que chaque jeune élu pave la voie pour les suivants.
«Je pense que, je vais prendre un peu le mérite, on a ouvert la porte aux jeunes, a-t-il lancé. Je dis toujours aux jeunes: quand tu arrives jeune, si tu veux que les autres puissent prendre les mêmes rôles dans d’autres municipalités... Si par exemple, je m’étais complètement planté, vous allez comprendre que c’est assez difficile après pour un autre jeune de dire qu’on va foncer, puis on va y aller, et on ne sait pas si ça va fonctionner.»

Sur la participation des jeunes à la vie politique, M. Tremblay est clair: il faut leur parler avec des enjeux qui leur ressemblent.
«Je pense qu’il faut leur mettre des modèles. Je pense que l’arrivée de Catherine Fournier qui parle positivement de la politique. Stéphane Boyer, tu l’as nommé. Maintenant, il faut leur mettre des enjeux qui leur touchent», a-t-il mentionné.
Rester mobilisés
Malgré leur popularité, aucun de ces maires ne tient sa réélection pour acquise. Leur souhait: que les jeunes – comme les moins jeunes – se rendent aux urnes.
Une proximité avec les citoyens que chacun cultive à sa manière. Pour eux, peu importe l’âge, c’est l’écoute et l’engagement qui font un bon élu.