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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Muller doute de la mort de la victime

Le musicien dit avoir inventé une ballade meurtrière et avoué le meurtre pour aider aux recherches du disparu

Raymond Henry Muller avait avoué le meurtre de son ami musicien lors de son interrogatoire sur son lit d’hôpital, mais il jure maintenant qu’il a inventé l’histoire.
Raymond Henry Muller avait avoué le meurtre de son ami musicien lors de son interrogatoire sur son lit d’hôpital, mais il jure maintenant qu’il a inventé l’histoire. Capture d’écran
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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2021-04-29T01:46:14Z
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Rien ne prouve que le Montréalais accusé du meurtre de son ami musicien a bel et bien commis le crime, a plaidé mercredi la défense en soulignant que ses aveux ont été faits alors qu’il n’était pas capable de penser de façon rationnelle.

« Sa femme venait de le quitter en prenant leurs enfants, ça l’a mis dans un état de stress, il a dit des choses qui n’avaient pas de sens », a lancé Me Andrew Barbacki lors de ses plaidoiries finales au procès de Raymond Henry Muller, mercredi au palais de justice de Montréal.

Muller, un musicien itinérant âgé de 54 ans, est accusé du meurtre prémédité de Cédric Gagnon, avec qui il jouait dans le collectif Pirates. Pire encore, après son crime, Muller aurait découpé sa victime de 39 ans avant de jeter le cadavre aux poubelles. 

« Il a fait ce qu’il avait planifié avant d’entrer dans l’appartement, le 4 juillet 2018 », a assuré au jury la procureure de la Couronne, Me Marie-Claude Bourassa.

Une lettre racontant le carnage

Le hic, c’est que la preuve repose principalement sur les aveux de Muller lui-même, dans une lettre de suicide rédigée sept semaines plus tard. Les policiers avaient toutefois sauvé Muller, qui avait été hospitalisé. C’est là qu’il a été interrogé, et qu’il a réitéré avoir tué M. Gagnon à coup de guitare.

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Il avait ensuite fourni plusieurs détails, comme son trajet pour se débarrasser des parties du cadavre. Ses affirmations avaient été corroborées par des caméras de surveillance. 

Des traces de sang avaient été trouvées dans l’appartement et le traçage du cellulaire de la victime montre que l’appareil est toujours resté proche de son logement, avant de disparaître quelques jours plus tard.

Or, lors du procès, Muller a livré une tout autre version, remettant même en doute la mort de son ami, lançant la possibilité que ce dernier eût tout simplement décidé de quitter le groupe, ou encore de se suicider.

« Mon plan, c’était d’être arrêté pour meurtre, d’aller en prison, pour que la photo de [la victime] soit vue par le monde et qu’il soit retrouvé, avait témoigné Muller. C’était ma chance de faire quelque chose de bien. »

Faux aveux

Quant à la lettre de suicide, il a juré qu’il s’agissait en fait des paroles d’une chanson qu’il avait écrite sous forme de « ballade meurtrière ».

« Je suis désolé si c’est confus, a ajouté Muller au jury. C’est clair que j’ai été trop loin. Mais ce que j’ai fait, c’était pour retrouver Cédric. »

Pour la défense, l’affaire est trop nébuleuse pour que le jury condamne Muller. D’autant plus que le mobile du crime n’est pas net.

« On nage dans l’obscurité, a plaidé Me Barbacki. Deux personnes suicidaires qui se considèrent comme des frères et qui se tapent sur les nerfs, ce n’est pas un mobile de meurtre. »

L’avocat a d’ailleurs souligné que dans les jours qui ont suivi le meurtre allégué, d’autres musiciens sont venus dans le logement sans remarquer quoi que ce soit de notable.

La Couronne a toutefois estimé que le témoignage de Muller n’était absolument pas crédible, contrairement à ses confessions détaillées.


Face à ces deux théories opposées, c’est le jury qui tranchera, au terme de ses délibérations qui débuteront vendredi.

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