Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles

Mouvement syndical pour le français: le courage de prendre la parole

Photo Adobe Stock
Partager

Regroupement de signataires

2022-11-12T12:21:46Z
Partager

La FNEEQ-CSN et la FEC-CSQ, les deux fédérations regroupant des syndicats de professeurs du collégial, ont récemment changé leur position sur la loi 101 au cégep. Ce revirement s’est produit sous l’impulsion d’un vaste mouvement de professeurs des quatre coins du Québec. 39 cégeps sur 48, appuyés par deux collèges privés, ont en effet pris position en ce sens depuis un peu plus d’un an. 

• À lire aussi: La SSJB n'a pas la langue dans sa poche

• À lire aussi: La Fédération de l’enseignement collégial se prononce en faveur à l'application de la loi 101 au Cégep

Pendant des mois, des professeurs ont dû travailler d’arrache-pied, ne serait-ce que pour réussir à parler de la protection du français en assemblée syndicale. Pourquoi a-t-il été si long pour une si forte majorité de professeurs de se faire entendre par leurs fédérations syndicales?

Pendant des mois, des représentants syndicaux ont repris à leur compte le discours de peur de la Fédération des cégeps : la loi 101 au cégep ferait perdre des emplois dans les cégeps anglophones. Or aucune étude scientifique ne soutient cette argumentation. Il s’agit d’une simple hypothèse, qui se heurte à un constat élémentaire : la loi 101 ne change rien au nombre total d’étudiants, dont dépend directement le nombre d’emplois. Le plus probable est que les cégeps anglophones franciseront les programmes destinés aux francophones et allophones.

Publicité

Mais cet argument des emplois, illogique à sa face même, est peut-être une façon pudique de défendre une position beaucoup moins noble. Un article de la journaliste Émilie Dubreuil de Radio-Canada, article daté du 7 mai 2022, a révélé que de nombreux professeurs francophones qui enseignent à John Abbott appuient la loi 101 au cégep, mais n’osent pas s’exprimer par craintes de représailles.

Liberté d’expression

Le Regroupement pour le cégep français a lancé un appel à la FNEEQ-CSN pour qu’elle prenne des mesures pour garantir la liberté d’expression et la sécurité de tous ses membres en assemblée syndicale. À notre connaissance, rien n’a été fait pour garantir que tous puissent s’exprimer sans insulte ni menace dans les collèges anglophones. C’est ce qu’il convient de qualifier de francophobie qui motive le grand malaise syndical à parler de protection du français autrement que par des généralités vides et des vœux pieux.

Pendant des années, les cégeps anglophones ont connu une croissance effrénée parce que l’anglais a retrouvé, grâce à la mondialisation, le prestige dont il jouissait au temps du colonialisme britannique : il est la langue de l’argent, du pouvoir, des privilégiés de l’économie mondiale. Les cégeps anglophones sont aux deux-tiers remplis d’étudiants francophones et allophones sélectionnés parmi ceux ayant les cotes R les plus élevées.

On a donc un système collégial à deux vitesses : en anglais pour l’élite, en français pour les autres.

L’amour du français est plus fort que la censure

Des années durant, les fédérations syndicales ont été prises en otage par les menaces de désaffiliation des collèges anglophones. Il fallait que les professeurs francophones se taisent sur le déclin du français pour que les collèges anglophones puissent continuer à dominer le marché de l’éducation collégiale.

Cette époque est désormais révolue. Le mouvement des professeurs de cégep pour le français a réussi à délier les langues, en ralliant les cœurs. Notre amour du français est plus fort que la censure.

Le Regroupement pour le cégep français est déterminé à poursuivre la promotion de la loi 101 au cégep au sein de la CSN et de la CSQ. Si nous n’agissons pas, le français redeviendra la langue des pauvres, des exécutants, la langue de ceux qui n’ont pas leur mot à dire. Il en va du droit des travailleurs de s’exprimer en français... et en faveur du français!

Georges-Rémy Fortin, Collège de Bois-de-Boulogne

Gino Bergeron, Cégep de Saint-Félicien

Dave Anctil, Collège Jean-de-Brébeuf

Yannick Lacroix, Collège de Maisonneuve

Aïcha Van Dun, Cégep régional de Lanaudière à L'Assomption

Gabriel Coulombe, Cégep Garneau

Nicolas Bourdon, Collège de Bois-de-Boulogne

Jean-François Vallée, La Pocatière

Caroline Hébert, Cégep de Sainte-Foy

Sébastien Mussi, Collège de Maisonneuve

Mathieu Bélisle, Collège Jean-de-Brébeuf

Jean-François Bergeron, Cégep de Drummondville

Publicité
Publicité