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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Nouveau roman d'Isabelle Lafortune: mort suspecte à élucider à la Romaine

Photo Pierre-Paul Poulin
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2022-11-06T04:00:00Z
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Toujours inspirée par les paysages durs et l’univers industriel de Schefferville et du Nord-du-Québec, la talentueuse Isabelle Lafortune présente cet automne Chaîne de glace, la suite du formidable roman Terminal Grand Nord. L’enquête policière se développe autour de sujets brûlants d’actualité : espionnage industriel, cryptomonnaie, indépendance énergétique, terrorisme international. Un thriller juridique et politique très fouillé, très dense, intensément addictif.

Quelques années ont passé depuis les événements ayant ébranlé Schefferville, et dont il est question dans Terminal Grand Nord, mais Émile et Giovanni n’ont jamais vraiment tourné la page. 

L’enquêteur Morin, de son côté, est désormais responsable d’une unité spécialisée dans les crimes liés au développement industriel du Nord-du-Québec. Il voit son soutien politique vaciller : le temps lui est compté pour faire la lumière sur des forces occultes qui sont à l’œuvre.

Il avait fait des plans pour profiter des vacances de Noël avec sa fille unique, pour retisser les liens avec elle. Mais ils seront chambardés par un appel de la ministre de la Justice. S’il veut voir son financement reconduit, il a intérêt à faire la lumière sur le meurtre d’un ressortissant chinois dont le corps a été retrouvé sur le site de la centrale électrique de La Romaine-1.

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Se pourrait-il qu’il y ait un lien entre cette découverte macabre et la disparition de Sam, leur informateur chargé de continuer à recueillir de précieuses informations sur la Métald’Or, du côté de Schefferville?

Et que faire des soupçons d’espionnage industriel qui planent au-dessus de MineChain, une filiale du conglomérat tentaculaire dirigé depuis la Chine par le père de la victime?

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Des thèmes forts

Isabelle Lafortune s’est vraiment plongée dans l’univers assez hermé-tique du monde industriel dans le Nord-du-Québec pour écrire cette suite palpitante, fourmillant de descriptions intéressantes et de dialogues bien sentis.

Elle aborde des thèmes complexes qui ont nécessité des recherches longues et exigeantes : l’indépendance énergétique, la cryptomonnaie, le terrorisme international. 

«Et l’affaire, c’est de rendre ça digeste aussi, observe Isabelle, en entrevue. Ça m’a demandé beaucoup, mais je suis très contente du résultat.»

Un côté Far West

Le Nord-du-Québec est encore chargé de mystère et peu de gens y ont accès. 

«Les trucs qui se passent dans le Nord ne nous affectent pas nécessairement dans notre quotidien. On dit ça : loin des yeux, loin du cœur... On est tellement bombardés de nouvelles, à gauche, à droite, qu’on ne sait plus comment s’y retrouver. Donc ce qui se passe en haut... Et en plus, c’est tellement Far West qu’on a de la difficulté à s’y retrouver.»

Elle connaît Schefferville pour y avoir enseigné quelque temps. Elle y est retournée cet été. 

«Je suis allée jusqu’au bout de la 138, ensuite à Schefferville, parce que j’avais envie d’être à jour dans mon contact avec le Nord. C’est tellement merveilleux... sans ce voyage, je n’aurais pas écrit le même livre. Je suis allée à la rencontre des gens.»

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En train

Elle a aussi pris le train pour aller de Sept-Îles à Schefferville. Une aventure. «Le trajet prend normalement 13 heures. Pour y aller, ça a pris 16 heures, et pour revenir, 18 heures et demie. Mais si je ne l’avais pas fait, il y a des éléments de mon histoire qui ne seraient pas dans mon livre. On est restés stuck au milieu de nulle part au moins un bon trois heures parce que le rail était brisé.»

Pendant que le personnel effectuait les réparations nécessaires, elle a pu entendre des conversations très intéressantes... et inattendues puisque des passagers, employés par des compagnies minières, se sont mis à jaser de choses et d’autres pour passer le temps. 

«C’était, disons, assez instructif ! Disons que je n’ai pas pris le train pour rien.»

  • En librairie le 9 novembre.
  • Isabelle Lafortune est diplômée de l’UQAM en études littéraires.
  • Artiste multidisciplinaire, elle travaille aussi dans l’événementiel et les communications.
  • Depuis son premier séjour à Schefferville, où elle a enseigné dans une école secondaire, elle savait qu’un jour elle écrirait un roman se déroulant dans cette ville nordique. Ce qu’elle fit avec Terminal Grand Nord, qui a reçu le prix Jacques-Mayer du premier polar en 2019. 

EXTRAIT

«Quelque part au nord du 54e parallèle 8 décembre 2019

Assis inconfortablement sur une chaise droite, Sam évaluait le personnage face à lui. Jusqu’à aujourd’hui, il n’avait vu que de rares photos de cet homme insaisissable dont on avait perdu la trace depuis longtemps. Si quelqu’un lui avait dit la veille que Gary Lindman, le grand actionnaire de la Métald’or, s’entretiendrait personnellement avec lui, il aurait ri. Puis il aurait sans doute frissonné...

En proie à des sentiments qui oscillaient entre la peur et l’étonnement, Sam tentait de demeurer stoïque et de ne laisser paraître aucune manifestation de faiblesse. La pièce qui lui servait de prison était humide comme un sous-sol, mais soigneusement décorée et étrangement chaleureuse. Le mot était pour le moins inusité dans le contexte, mais aucun autre qualificatif ne lui venait à l’esprit, ce qui augmentait l’impression d’étrangeté créée par le fait que la chambre était dépourvue de fenêtres.»

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