«Streamer» français Jean Pormanove mort en direct: la plateforme Kick, qu’est-ce que c’est?
Agence QMI
Théâtre des violences physiques et psychologiques qu’a subi pendant des mois le streamer français Jean Pormanove, décédé lors d’une diffusion en direct lundi, la plateforme Kick, réputée pour ses règles de modération plus relâchées, se retrouve sous les projecteurs.
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Lancée en décembre 2022 par les cofondateurs du casino en ligne Stake, Bijan Tehrani et Edward Craven, après la décision du géant du streaming Twitch, propriété d’Amazon, d’interdire la diffusion de contenus liés aux jeux d’argent, la plateforme australienne Kick est devenue le refuge d’influenceurs controversés.
Avec ses règles de modération beaucoup plus permissives que son concurrent principal, Kick a rapidement rapatrié des streamers bannis de Twitch, comme le français Marvel Fitness, condamné pour harcèlement moral en 2021.
Son créateur de contenu le plus populaire, Adin Ross, a aussi été exclu de Twitch en 2023. Il avait fait polémique sur la plateforme d’Amazon en diffusant de la pornographie en direct ou en s’entretenant avec des personnalités controversées, comme l’influenceur masculiniste Andrew Tate.
Pour attirer un maximum de streamers, Kick offre à ses créateurs 95 % des revenus générés par les abonnements, un contraste marqué avec Twitch, qui peut prélever jusqu’à 50 % de ces sommes.
Your subs your money ✅ pic.twitter.com/Jd7e9LbtOT
— Kick (@KickStreaming) April 13, 2023
Qui régule cette plateforme?
Même si son siège est en Australie, la plateforme Kick est soumise au règlement européen sur les services numériques (DSA) à partir du moment où elle cible les utilisateurs européens, rappelle Alexandre Archambault, avocat spécialiste du numérique.
En cas de «signalement circonstancié» sur des contenus problématiques, «elles ont l'obligation d'agir», poursuit-il, sans pour autant être responsables des contenus diffusés par des milliers de personnes.
En France, une loi de 2004 impose aux plateformes ou à un hébergeur d'agir et de retirer un contenu «manifestement illicite», ajoute Me Archambault.
L'Arcom, le régulateur français des plateformes numériques, peut aussi demander à la justice le blocage d'un site, mais pas l'ordonner, souligne encore l'avocat. Elle peut aussi saisir la Commission européenne.
Il y a plusieurs mois, elle avait contacté ses homologues allemands à la recherche du représentant légal de Kick.com. Elle a aussi affirmé mardi s'être «rapproché de l'Office anticybercriminalité (OFAC) afin de vérifier si celui-ci a, par le passé, demandé le retrait de contenus sur Kick.com».
Ce mercredi, elle a été informée par la Commission européenne de la désignation d'un représentant légal de la plateforme australienne à Malte, selon un communiqué, et s'est empressée de le contacter, ainsi que le régulateur maltais «chargé de fait de la supervision des obligations de la plateforme».
Agissements connus
Strangulations, gifles et jets de peintures, les agissements des membres de la chaîne de diffusion de Jean Pormanove font l'objet, depuis la parution en décembre d'un article de Mediapart, d'une enquête pour «violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables» et «provocation à la violence envers une ou des personnes à raison de leur handicap».
La Ligue des droits de l'homme (LDH) avait de son côté saisi en février l'Arcom, dénonçant «une atteinte à la dignité humaine».
«Nous n'avons pas eu de réponse», regrette Nathalie Tehio, présidente de la LDH, déplorant le «manque de moyens» du régulateur. Selon elle, la ministre déléguée chargée du Numérique, Clara Chappaz, aurait dû saisir l'Arcom à l'époque, ce qui aurait eu davantage «de poids».
Après la mort de M. Pormanove, Mme Chappaz a saisi l'Arcom et effectué un signalement sur Pharos, le service de lutte contre la violence en ligne. Les conclusions de l’autopsie du streamer révélées jeudi par le procureur de la République de Nice confirment que son décès «n'est pas en lien avec l'intervention d'un tiers».
«Les causes probables du décès apparaissent donc d'origine médicale et/ou toxicologique», a ajouté le procureur Damien Martinelli dans un communiqué.
Kick a de son côté annoncé avoir banni «tous les costreamers ayant participé à cette diffusion en direct (...) dans l'attente de l'enquête en cours». Elle affirme s'engager à «collaborer pleinement avec les autorités» et avoir entrepris une «révision complète» de son contenu en français.
Nous sommes profondément attristés par la disparition de Jean Pormanove et adressons nos sincères condoléances à sa famille, à ses amis et à sa communauté.
— Kick Français (@Kick_FR) August 20, 2025
Tous les co-streamers ayant participé à cette diffusion en direct ont été bannis dans l’attente de l’enquête en cours.…