Mort du pape François: un progressiste qui confrontait Trump


Luc Laliberté
Donald Trump est appuyé par de nombreux croyants aux États-Unis. Pour certains, il a presque le statut de messie.
Converti au catholicisme depuis 2019, son vice-président, J.D. Vance, exploite lui aussi le thème de la foi.
Lundi matin, les catholiques apprenaient la mort de leur pape, François. Ce dernier a été très critique des deux administrations Trump.
Un démocrate progressiste
Les points de friction entre François et le président américain furent nombreux.
Là où Donald Trump affiche une évidente sympathie pour les dirigeants forts – plusieurs d’entre eux liés à l’extrême droite –, le pape s’inquiétait pour la démocratie, dénonçant vigoureusement au passage la tentation du populisme.
En opposition directe aux directives de l’administration américaine qui efface tout ce qui est associé aux programmes de diversité, d’équité et d’inclusion, le pape encourageait les fidèles à accepter la communauté LGBTQ+.
Impopulaire auprès de la frange plus conservatrice de son Église, François ne souhaitait pas qu’on procède à des mariages entre conjoints de même sexe, mais il affirmait que ces unions pouvaient être bénies.
À l’heure où les écarts entre les plus riches et les plus pauvres aux États-Unis n’ont jamais été aussi grands, le pape a également critiqué le capitalisme à maintes reprises.
Sans rejeter ce système de production, il insistait sur la nécessité de protéger l’environnement et, surtout, de mieux répartir la richesse.
Au cœur de toutes ses interventions, on retrouvait les notions de bien commun et de justice sociale. On peut deviner sans peine que ce discours trouvait peu d’échos à la Maison-Blanche ces jours-ci.
Le choc sur l’immigration
Si les désaccords entre le 47e président et le pape furent nombreux, le choc le plus spectaculaire fut celui autour de la politique migratoire de Donald Trump, plus spécifiquement le sort réservé aux immigrants illégaux.
Dans une déclaration quasi prémonitoire de ce qui se produit présentement dans une prison du Salvador, François avait avisé les évêques américains, il y a quelques mois, que le projet d’expulsions massives du président se terminerait mal.
C’est d’ailleurs pour discuter de ce qu’il considérait comme une crise majeure que François a rencontré peu avant sa mort le vice-président J.D. Vance.

La rencontre fut brève et polie, le pape offrant aux enfants du couple Vance des gâteries pour souligner Pâques, mais peu de détails ont émané de leurs échanges. Il serait étonnant que les positions des deux hommes aient beaucoup évolué.
Si je ne pratique pas, j’ai toujours considéré que François incarnait ce qu’il y a de mieux au sein du catholicisme. Modeste, ouvert et collé au message du Christ, il avait cependant des critiques et des ennemis au sein même de l’Église.
Son successeur s’éloignera-t-il de son héritage ou continuera-t-il à le porter? Le monde ne va pas bien et la voix de François était nécessaire là où elle portait encore. J’aimerais que les croyants américains se rappellent ses enseignements.