Mort de Giorgio Armani: les vendeurs québécois pleurent le créateur qui vendait du luxe à 195$ le t-shirt

Les Québécois les plus attristés de la mort à 91 ans de Giorgio Armani, jeudi, étaient sans doute la poignée de vendeurs des créations du maître italien.

«Je l’ai vu juste une fois. Il est venu à Montréal en 2020 et il a passé la soirée avec nous, il nous a donné plein de cadeaux. C’était malade! Il était vraiment gentil avec ses employés», a raconté au Journal Kevin Dalpé, un employé de la boutique Harry Rosen, au centre-ville de Montréal.

Le conseiller en style propose de l’Armani depuis 12 ans. Il a déjà été gérant de cette section à la boutique. 

«J’en vends beaucoup, c’est une belle compagnie, les vêtements sont de qualité», explique celui qui maîtrise l’argumentaire technique de chaque pièce.

T-shirts en lyocell à 195$, complets de la série M et G à 2400$, manteaux à 895$: les prix témoignent de la stratégie de luxe accessible perfectionnée par Giorgio Armani.

Les pulls à 1000$, les imperméables au même prix et les cravates à 250$ s’écoulent auprès d’une clientèle de «réguliers» que Kevin estime à environ 10 000 Québécois.

«Ce que j’aime d’Armani, c’est qu’il n’y a pas de niaisage avec du 20%, 25% ou 30% de rabais, c’est direct 40%», précise le vendeur au sujet des deux périodes de soldes annuelles de la mi-novembre et de la mi-mai.

L’empire en transition

Giorgio Armani a amassé une fortune de 9 milliards$US depuis la naissance de sa marque en 1975, selon Bloomberg. Depuis 1981, la stratégie de la maison est de rendre la signature italienne accessible aux classes moyennes avec la marque Emporio, celle vendue chez Harry Rosen.

L’empire familial s’est distingué par cette approche graduée. En 2023, toujours selon Bloomberg, Armani a généré 2,7 milliards$US de revenus grâce à un réseau de 3000 points de vente dans 46 pays.

Sans enfant, les plans pour sa succession consistent en une transition progressive des responsabilités vers ses plus proches collaborateurs tels que Leo Dell’Orco, a révélé le milliardaire italien dans ses dernières déclarations publiques.

La transition soulève des questions pratiques sur l’évolution des gammes de prix dans un marché comme le Québec, où «tout le monde qui rentre vient voir la section» et s’exclame souvent: «Oh mon Dieu, vous avez Giorgio Armani!» raconte Kevin Dalpé.

Avec ses collègues, ils espèrent tous que leurs clients pourront continuer à adopter l’esthétique Armani au même prix.

ARMANI EN 5 DATES MARQUANTES

1975. Fondation avec 10 000$ de capital. Giorgio Armani et Sergio Galeotti lancent leur ligne de prêt-à-porter avec un budget dérisoire.

1980. Explosion médiatique. Les costumes d’American Gigolo, avec Richard Gere, propulsent la marque sur la planète.

1981. Démocratisation. Lancement d’Emporio Armani, qui vise à rendre le luxe italien accessible à la classe moyenne.

2022. Empire consolidé. Revenus de 2,4 milliards d’euros avec 2983 points de vente dans 46 pays.

2025. Succession planifiée. Fortune de 9 milliards$US transmise selon un plan de «transition progressive» vers Leo Dell’Orco et l’équipe.