Mort dans une toilette chimique: le décès de Raphaël André était évitable, selon la coroner Gamache
Thierry Bastien
Le décès de Raphaël André, cet itinérant retrouvé mort dans une toilette chimique de Montréal en janvier 2021, était évitable souligne la coroner Stéphanie Gamache.
La découverte du corps de cet Innu avait créé une onde de choc à Montréal, puisqu’il n’était qu’à quelques mètres d’une halte-chaleur destinée aux personnes en situation d’itinérance.
Il avait dû quitter la ressource La Porte Ouverte la veille, parce que cette dernière fermait pour la nuit en raison de la pandémie.
«S’il avait eu un endroit chauffé et sécuritaire pour la nuit, il ne serait pas mort de froid en état d'intoxication sévère dans une toilette chimique». Son décès est attribuable à «une hypothermie environnementale dans un contexte de consommation sévère d’alcool», indique le rapport d’enquête de plus de 70 pages publié jeudi matin.
«Le taux d’alcool dans le sang au moment du décès était quatre fois et demie supérieur à la limite légale pour la conduite d’un véhicule, soit l’équivalent de 14 consommations. Cette consommation a pu amplifier la perte de chaleur et contribuer à l’hypothermie, même si la température oscillait seulement autour du point de congélation cette nuit-là», écrit la coroner Gamache dans son rapport.
Bien que plusieurs personnes ont travaillé pour tenter d’aider l’homme originaire de Matimekush-Lac John, la coroner a constaté «plusieurs lacunes dans la trajectoire de soins et de services pour M. André jusqu’à son décès».
«Il faut s’indigner du constat que plusieurs portes ont été fermées à M. André dans les derniers mois de sa vie», indique-t-elle.
Afin que cette situation ne se reproduise plus à l’avenir, Stéphanie Gamache a formulé 23 recommandations divisées en cinq thèmes.
Elle mentionne notamment, «l’importance d’un suivi centralisé pour la population itinérante qui consulte dans différents établissements du réseau de la santé» ainsi que la «nécessité de développer des lieux qui permettent d'accueillir une clientèle en état d'intoxication et avec une problématique de lésion cérébrale acquise».
Elle souligne également que la sécurisation culturelle doit être «au cœur des initiatives pour venir en aide aux personnes en situation d'itinérance».
La «nécessité d'assurer un financement permanent pour les ressources qui offrent de l'hébergement d'urgence» figure aussi parmi les thèmes identifiés pour aider les personnes en situation d'itinérances.