Mort à la Grande Roue de Montréal: on a «joué» avec sa vie
Le décès de la victime de la Grande Roue aurait pu être évité, dit son frère, à la suite d’un rapport accablant de la CNESST

Erika Aubin
Le frère du jeune employé décédé à la Grande Roue de Montréal en déneigeant à la main les roues en mouvement se désole qu’il ait fallu un tel drame pour mettre en lumière des méthodes de travail qualifiées de dangereuses et improvisées par la CNESST.
• À lire aussi: Ex-propriétaire de la Grande Roue: ses victimes de sextorsion lui réclament 1,6 M$
• À lire aussi: Un travailleur perd la vie à la Grande Roue
« J’en comprends que sa mort aurait pu être évitée si les mesures préventives nécessaires avaient été mises en place. On ne peut pas jouer avec une vie comme ça », s’est désolé Joey Valcin.
L’an dernier à Noël, un accident a coûté la vie à son frère Riley, 22 ans, pendant son quart de travail.
Montréal | RAPPORT D’ENQUÊTE : Conclusions sur l’accident du travail ayant coûté la vie à un employé à La Grande Roue de Montréal inc. Il a été entraîné et s’est retrouvé coincé mortellement dans la zone dangereuse du manège. 👉https://t.co/fI6nVI38bk pic.twitter.com/1xDnJX600r
— CNESST (@CNESST) June 9, 2022
L’employé à l’entretien avait été mandaté par un collègue pour déneiger manuellement les roues motrices tandis que les précipitations de neige s’intensifiaient ce matin-là, indique le rapport d’enquête de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) rendu public jeudi.
L’étudiant en génie civil à l’école Polytechnique a été entraîné puis coincé dans la zone dangereuse du manège. Il a été transporté dans un centre hospitalier, où il est finalement décédé.
- Écoutez Alexandre Moranville-Ouellet au micro de Mario Dumont sur QUB radio :
Contraire aux exigences
« Aucune mesure assurant la sécurité du travailleur d’entretien n’a été prise avant d’accéder aux zones dangereuses des roues motrices et de les déneiger », déplore d’emblée la CNESST.
C’est que le mode de commande du manège prévu spécifiquement dans une telle situation n’a pas été enclenché. La pratique contraire aux exigences était tolérée.

La Commission souligne aussi qu’aucune directive ou procédure formelles n’existait pour indiquer les étapes à suivre lors d’intempéries afin d’opérer l’attraction.
Ainsi, une gestion de la santé et de la sécurité déficiente amenait « les travailleurs à improviser une méthode de travail dangereuse pour déneiger les roues motrices » du manège, conclut-on.

Pas de cadenas
Par ailleurs, Riley Valcin a eu accès à une partie dangereuse de la Grande Roue, car la chaîne métallique pour délimiter cette zone près des roues et des moteurs était manquante.
Puis, un portillon qui aurait dû être cadenassé était ouvert. Une autre situation souvent tolérée par l’entreprise, note la CNESST. Et même s’il avait été fermé, le portillon ne respectait pas la hauteur minimale, précise-t-on.

« Serrer la vis »
Malgré les nombreuses lacunes soulevées dans le rapport, l’entreprise a plutôt fait valoir dans un communiqué publié jeudi qu’elle souscrivait aux plus hauts standards de l’industrie au moment de l’accident.
La Grande Roue s’est tout de même engagée à aller au-delà des recommandations de la CNESST, notamment en bonifiant certaines formations pour les opérateurs.
« Il faudrait peut-être serrer la vis aux employeurs. Ça me désole qu’on attende le pire avant d’agir. Un employé ça se remplace, mais pas un frère », a laissé tomber Joey Valcin.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.