La mairesse de Montréal, Valérie Plante, se dit prête à revoir un règlement controversé qui interdit pour la première fois en 50 ans à des résidents de stationner toute voiture dans leur entrée après avoir converti leur garage en pièce habitable.

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«C’est clair qu’une réflexion sur le règlement s’impose afin qu’il reflète davantage les besoins d’aujourd’hui, notamment concernant les propriétaires de véhicules électriques qui doivent se stationner à proximité de leur borne de recharge», a confirmé à notre représentant le cabinet de la mairesse Plante.

Le Journal a révélé lundi que 11 propriétaires de la rue Place de Boucherville, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM), ont perdu leur droit de stationner dans leur cour avant du jour au lendemain. 

Un avis de non-conformité des autorités leur a été transmis en ce sens pour la première fois en août dernier. Avant cela, des résidents rencontrés sur place ont expliqué ne jamais avoir eu de problème en garant leur véhicule dans leur entrée pendant plus d’un demi-siècle. 

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Ignorés par le maire

Martine Corbeil et ses voisins ont d’ailleurs tenté à plusieurs reprises de discuter avec le maire de MHM, Pierre Lessard-Blais, mais leurs demandes n’auraient jamais eu de succès.

«Nous sommes reconnaissants à la mairesse Valérie Plante de prendre la peine de considérer notre situation et de faire preuve d’ouverture, contrairement à l’arrondissement MHM, qui fait fi de tous nos arguments depuis le début», a réagi M^me Corbeil. 

Cette dernière stationne des véhicules dans sa cour avant sans problème depuis près de 30 ans. Elle a désormais une voiture électrique, comme plusieurs de ses voisins, qui doit être rechargée dans son entrée grâce à une borne installée sur sa demeure. 

«Le monde se modernise, la réglementation doit s’adapter, insiste Martine Corbeil. Il serait logique, étant donné la configuration particulière de notre rue, que tous puissent bénéficier d’une dérogation au règlement.»

Le Journal a tenté d’obtenir une entrevue à ce sujet jeudi avec le maire Pierre Lessard-Blais, mais notre demande a été refusée. M. Lessard-Blais n’était pas disponible aussi lundi et mardi pour répondre à nos questions. 

«Chaque cas est évalué avec attention et les inspecteurs sont appelés à faire preuve de flexibilité dans l'application du règlement, assure le cabinet de la mairesse. Dans ce cas précis, le règlement a été appliqué suite à une plainte citoyenne concernant des travaux réalisés sans permis.»

Une vieille règle oubliée

Notons que les avis de non-conformité ont été envoyés aux 11 propriétaires de la Place de Boucherville en vertu du règlement 01-275 de la ville de Montréal. Celui-ci interdit carrément les stationnements devant les résidences depuis le 31 octobre 1974.

Seule exception : les demeures qui possèdent une voie menant à un garage. Le hic, c’est que ces résidents ont converti pour la plupart leur garage en pièce habitable pour agrandir leur maison. Résultat? Leur espace de stationnement devient automatiquement interdit.

«Certains de ces aménagements ont été réalisés illégalement sans permis, d’autres avec un permis qui avait comme effet collatéral le retrait de l’espace de stationnement. Ce type d’intervention fait en sorte que les anciennes voies d’accès menant au garage sont non conformes», indique dans un courriel Julie Bellemare, agente de recherche de MHM.

Julien Hénault-Ratelle, conseiller de la ville de l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, a affirmé à notre représentant que ces 11 cas pourraient créer un grave précédent.

En effet, selon lui, des centaines de résidences à Montréal auraient des stationnements illégaux comme ceux de la Place de Boucherville. 

Qu’est-ce que le fameux règlement 01-275? 

• Règlement interdisant notamment les stationnements devant les domiciles
• Exception : seules les résidences munies d’une allée se rendant à un garage fonctionnel peuvent avoir un stationnement en façade
• Valide depuis le 31 octobre 1974 et introduit par le maire Jean Drapeau 
• Si le stationnement était présent avant le 31 octobre 1974, il s’agit d’un droit acquis

Source : Ville de Montréal