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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Montréal-Nord, un château fort vulnérable?

Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Félix Lacerte-Gauthier

2021-10-23T08:00:00Z
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Depuis 1963, Montréal-Nord n’a connu que quatre maires, habituellement réélus sans grandes difficultés. Cette année toutefois, Projet Montréal déploie beaucoup d’énergie afin d'arracher cet arrondissement détenu par Ensemble Montréal.

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«On est en train de renverser la vapeur. On a eu des élus qui n’ont jamais véritablement été contestés, et c’est la première fois de leur histoire qu’on les voit travailler», a confié Will Prosper, qui tentera de ravir la mairie pour Projet Montréal.

La formation politique n'a pas lésiné sur les efforts pour permettre à son candidat vedette de l’emporter. En août, Willy Blomme a été engagée à titre de directrice de campagne pour l’encadrer. Elle a précédemment aidé Valérie Plante à remporter la course à la chefferie de Projet Montréal, puis à la mairie. Elle a aussi travaillé pour Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Appréciée des résidents, la mairesse sortante, Christine Black, n’entend pas laisser sa place. Lors de notre passage, quelques passants l’ont saluée sur la rue de Charleroi, pendant qu’elle s’en allait vers un café-bistro, où la propriétaire l’a chaleureusement accueillie par son prénom.

«C’est un peu comme n’importe quelle campagne, dans le sens que peu importe qui est ton adversaire, on ne prend rien pour acquis. C’est une des premières leçons qu’on apprend en politique», a confié celle qui sollicite un nouveau mandat.

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Projet Montréal peut compter, selon leur dire, sur une équipe de 160 bénévoles dans l’arrondissement, alors qu’il n’y en avait aucun lors des dernières élections. La formation dispose aussi d’un bureau de campagne, autre nouveauté par rapport à 2017.

Les donations affluent également, selon le parti, et Valérie Plante s’est déplacée à de nombreuses reprises dans l’arrondissement. «Il y a un vent de changement qui souffle sur Montréal-Nord. On le sent», a dit M. Prosper.

Christine Black (candidate à la mairie de Montréal-Nord) et Denis Coderre (candidat à la mairie de Montréal)
Christine Black (candidate à la mairie de Montréal-Nord) et Denis Coderre (candidat à la mairie de Montréal) Photo Agence QMI, Joël Lemay

Défendre la forteresse

Christine Black dispose aussi de sa propre équipe de bénévoles (elle n’a pas voulu en préciser le nombre) pour conserver ce bastion d’Ensemble Montréal, sans compter la visibilité que lui apporte son statut de mairesse sortante à Montréal-Nord.

En 2016, elle avait remporté la mairie au cours d’une partielle, avec 69% des voix, ce qui faisait d’elle la quatrième personne seulement à occuper ce poste depuis 1963. Son prédécesseur, Gilles Deguire, avait dû démissionner à la suite d’une accusation d’attouchements sexuels sur une mineure.

Dans la dernière année, l’arrondissement a cependant traversé plusieurs crises, ayant été frappé durement par la pandémie.

«Depuis qu’elle est élue, Christine Black n’a pas assez agi sur tous les fronts. On doit s’attendre à beaucoup plus d’un élu, surtout quand on a tous ces enjeux qui sont en train de nous frapper. Je trouve ça sidérant de l’avoir vue si peu», a dénoncé Will Prosper.

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Ce dernier rappelle qu’au début du confinement, il avait réclamé davantage d’action politique pour faire face à la crise sanitaire dans l’arrondissement.

«C’est très ironique de sa part de mentionner que je n’étais pas présente», a vivement réagi Mme Black après avoir été mise au fait de ces propos. «Au contraire, les rencontres qui ont eu lieu avec les différents partenaires communautaires, c’est moi qui les ai initiées.»

Elle ajoute que son administration était «omniprésente» au plus fort de la crise, notamment par la distribution de masques et l’installation de corridors sanitaires dans des rues résidentielles.

Will Prosper
Will Prosper Photo Agence QMI, Toma Iczkovits

Controverse autour de la candidature de Will Prosper

Will Prosper s’est retrouvé sous les feux des projecteurs en août, dans la foulée de la publication d’un reportage du Journal de Montréal démontrant qu’il a été forcé de démissionner de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) après avoir divulgué des informations à des membres de gang de rue faisant l’objet d’une enquête pour meurtre.

Contre vents et marées, la cheffe de Projet Montréal, Valérie Plante, a choisi de soutenir son candidat. M. Prosper estime que les gens ont «tourné la page» et s’inquiète du message que ça peut envoyer quant au droit à une seconde chance après une erreur.

«Ça correspond un peu à ce qu’on voit de Montréal-Nord. L’arrondissement a souvent mauvaise presse. On ne parle jamais des belles choses qui s’y passent», a-t-il indiqué.

Un château fort

De son côté, la mairesse sortante de Montréal-Nord, Christine Black, rappelle que les faits reprochés sont graves. «[Valérie Plante] a décidé de le garder et on est en démocratie. Les citoyens feront leur choix», s’est-elle contentée de dire.

«Je ne suis pas convaincu que Projet Montréal peut gagner, malgré la popularité de [Will Prosper]», a révélé Danielle Pilette, professeure à l’UQAM et spécialiste en politique municipale. Bien que le nom de M. Prosper résonne dans l’arrondissement et que ses idées peuvent y séduire les jeunes, elle rappelle que Denis Coderre y est bien implanté.

«[Valérie] Plante a besoin de tous les votes possibles pour remporter la mairie de la Ville. Même si ça ne permet pas de remporter l’arrondissement, ces votes peuvent faire la différence pour elle», a-t-elle ajouté.

Les candidats en lice          

  • Christine Black, Ensemble Montréal - Équipe Denis Coderre     
  • Carl-Henry Jean-François, Mouvement Montréal    
  • Will Prosper, Projet Montréal - Équipe Valérie Plante     
  • Vito Salvaggio, Action Montréal - Équipe Gilbert Thibodeau     
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