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L'article provient de TVA Nouvelles

Montréal mérite-t-elle son Grand Prix?

Pourquoi le Grand Prix reste-t-il à Montréal s’il semble déranger autant?

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Photo portrait de Jean-Nicolas Blanchet

Jean-Nicolas Blanchet

2025-06-11T15:30:00Z
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Pourquoi le Grand Prix reste-t-il à Montréal s’il semble déranger autant? À nous entendre chialer, la Formule 1 ne va pas finir par lever les feutres?

Ma collègue Madeleine Pilote-Côté a publié une chronique pour exprimer sa honte du Grand Prix. Elle croit que cet évènement ne reflète pas les valeurs de nombreux Montréalais.

Les réactions ont fusé pour dénoncer ses propos. Plusieurs se disent que c’est en critiquant ainsi que le Formule 1 va se tanner et ne voudra plus arrêter à Montréal.

Je regarde tout ça et je me dis que ce serait sûrement mieux de faire comme au Bahreïn qui présente un Grand Prix depuis 2014.

Là-bas, en 2017, une femme a dénoncé sur Facebook la tenue du Grand Prix dans son pays monarchique qui bafoue les droits de la personne.

Cette femme a été emprisonnée durant trois ans. Elle a raconté au Guardian avoir été violée, battue et torturée durant son incarcération.

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Et comment est-ce que la F1 a géré ça? En 2022, elle a signé un contrat record avec Bahreïn pour présenter des Grand Prix au moins jusqu’en 2036. C’est le plus long contrat jamais accordé par la Formule1.

C’est sûr qu’en emprisonnant ceux qui critiquent le Grand Prix, c’est officiel que notre amour de la Formule 1 deviendra unanime et qu’on s’assurera d’avoir une course pour l’éternité.

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Vous voyez où je veux en venir. Évidemment, c’était de l’ironie.

L'amour du gaz

Je ne suis pas d’accord avec plusieurs points de la chronique de Madeleine. Je ne suis pas le seul, visiblement. Sans surprise, tant de gens qui ne cessent de prôner l’importance de la liberté d’expression avaient soudainement le goût que ça n’existe plus, cette liberté, après avoir lu Madeleine. C’est correct d’aimer le gaz, mais il ne faut pas le sniffer.

C’est épouvantable ce qui a été dit ou écrit sur elle. Sur ses opinions, ça va. Mais sur elle, c’est débile.

Si mes enfants savaient lire, je leur dirais qu’il faut éviter ces mots de toilette.

Sinon, on la traite de militante moralisatrice, mais je suis convaincu que ces qualificatifs ne seraient jamais venus si elle avait écrit sur son amour du Grand Prix.

J’ai même lu que sa chronique exposait à quel point Montréal, c’est rendu juste une place remplie de communistes. Che Guevera serait plutôt déçu en débarquant à travers les Audi et les Land Rover de Griffintown, à mon avis.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Sophie Durocher, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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«Ti peuple», vraiment?

Certains ont l’air de trouver que ça fait «ti peuple» de cracher sur la F1 ou de remettre en question la pertinence du Grand Prix.

Ça fait pas mal plus peuple qui peut se tenir debout que ce qui se passe au Bahreïn, en Arabie saoudite ou en Azerbaïdjan, à mon avis. Là, bas, aucun citoyen ne critique le Grand Prix. Ne vous inquiétez pas. Tout est parfait!

On a bien le droit d’aduler la F1. On a bien le droit aussi de la critiquer.

Personnellement, je trouve ça plutôt chouette comme évènement.

Ceux qui crient que c’est le seul évènement qui peut rendre la ville fière ne vont jamais à Montréal. Mais c’est vrai que c’est plutôt rentable et que c’est une belle vitrine.

L’ambiance est splendide, les partys sont supers et Montréal se met belle. Une course en direct, c’est une méchante belle expérience.

J’aime aussi voir les maniaques de ce sport avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Voir un papa et son fils habillés avec les couleurs de Ferrari. Voir autant de touristes débarquer chez nous et remplir les poches des commerçants de Montréal qui mangent leur bas plus souvent qu’à leur tour le reste de l’année.

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Mais je trouve ça cave de se faire proposer de la cocaïne à Montréal, en plein jour, comme si on était à Playa Del Carmen.

C’est complètement abject l’exploitation sexuelle dont profitent les vieux dégueulasses qui se paient des filles comme ils se paient un steak.

C’est dégueulasse également qu’on verse notre argent pour enrichir la F1, qui reçoit aussi de l’argent de régimes totalitaires qui se contrefichent des droits de la personne. Mais c’est ça ou c’est rien.

J’ai amené mes enfants à Disney même si l’Arabie saoudite est rendue actionnaire. Donc, je ne peux pas faire mon hypocrite.

Gargamel

Cette course est devenue le symbole de presque tous les enjeux au Québec.

Environnement, subventions, prostitution, drogue, capitalisme, gauche, droite, pétrole, richesse, langue, g-string, champagne, congestion, travaux, bruits...

Tout, mais vraiment tout est là pour débattre de sujets importants. Mais on dirait qu’on a de la misère, rendu en juin. On a épuisé tout notre jugement durant l’année.

Et là, des gens défendent le Grand Prix comme s’ils l’avaient mis au monde. D’autres le pourfendent comme si Lucifer et Gargamel l’organisaient.

Montréal mérite son Grand Prix, à mon sens. Mais ce n’est pas «ti peuple», pour les Montréalais, de se demander si la F1 mérite de venir à Montréal.

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