Montréal, grand corps malade du Québec


Joseph Facal
Comme il y a plus de 1000 municipalités au Québec, il est difficile de tirer des conclusions générales des élections d’hier.
J’en tire tout de même quelques-unes.
On notera d’abord que près de 57% des sièges à combler (mairie et conseil municipal) l’ont été par acclamation.
C’est surtout le cas dans les petites municipalités.
Évidemment, si le maire ou la mairesse est compétent et apprécié, il découragera des adversaires potentiels.
Je ne peux cependant m’empêcher de penser qu’il y a peut-être des causes plus profondes à ce désintérêt massif.
Idéologie
Nombre d’élus sur leur départ ont évoqué des climats toxiques.
Ces égouts à ciel ouvert que sont les réseaux sociaux, qui donnent aux crétins les moyens d’insulter à répétition la cible de leur choix, y sont assurément pour beaucoup.
Les thèmes du logement et de l’itinérance ont été omniprésents.
Le problème est que les villes ne sont tout simplement pas équipées pour s’y attaquer efficacement.
L’itinérance est souvent liée à des enjeux de toxicomanie et de santé mentale qui relèvent du gouvernement du Québec.
Évidemment, ce n’est pas une raison pour que les municipalités transforment les bibliothèques publiques, qui n’existent pas pour cela, en refuges.
La crise du logement ne sera pas jugulée tant qu’on n’aura pas stimulé la construction, donc l’offre, en assouplissant la réglementation, et qu’on n’aura pas freiné la demande, en réduisant l’immigration.
Le faible taux de participation aux élections municipales facilite souvent l’accession au pouvoir de minorités agissantes très idéologiques.
La collecte des déchets, le déneigement, la répression du crime, le dynamisme des zones commerciales, l’entretien des infrastructures les excitent moins que les pistes cyclables, la piétonnisation de rues et la modification intempestive des règles de la circulation automobile.
On consulte souvent pour la forme parce que la décision est déjà prise. Les opposants n’ont «pas compris».
Les élections d’hier ont, me semble-t-il, marqué l’essoufflement de ce courant, surtout évidemment à Montréal, cas emblématique.
À Sherbrooke, Longueuil, Laval, Gatineau, ailleurs également, on a reconnu les charmes discrets de la bonne gestion.
À Québec, le maire Marchand a aussi été aidé par l’amusant spectacle offert par le gaffe-o-thon de ses adversaires.
Remercions Sam «le bouton à trois trous» Hamad d’avoir su nous mettre un sourire au visage pratiquement tous les jours.
Métropole
Il reste donc, j’y reviens, le grand corps malade du Québec: Montréal.
Je rentre d’un long séjour en Europe. Quand vous atterrissez à l’aéroport et roulez vers le centre-ville, la comparaison fait mal.
Mme Martinez Ferrada, terne comme un mardi pluvieux, ministre très junior du gouvernement Trudeau, doit sa victoire au rejet mérité de l’administration Plante, version municipale de QS.
Il m’est extrêmement difficile de voir en elle l’élément déclencheur d’une relance devenue prioritaire de Montréal.
Le Québec ne peut pas bien aller si sa métropole va mal.
Il faut dire que cette dernière est plombée par son aberrante structure de gouvernance, cadeau empoisonné de la «défusion» introduite jadis par le gouvernement de Jean Charest.