Montréal est redevenu une destination attrayante

Jean-Charles Lajoie
Geoff Molson n’est pas le propriétaire le plus flashy. L’actionnaire détenant le contrôle du Canadien accomplit son travail et occupe son espace pratiquement en catimini, laissant ses hommes de hockey combler le besoin de contenu du public et des médias.
Voilà pourquoi chaque réponse qu’il offre lors de rares mêlées de presse est scrutée à la loupe. C’est moins le cas au tournoi de golf annuel lorsque tout est planifié et que le grand patron a été soumis à un barrage de questions en simulation de la part du service de relations publiques.
Mais lorsqu’il distribue les bonnes nouvelles et que sa garde est plus relâchée, il y a souvent une bonne déclaration à retenir, une vérité que les penseurs jugeraient non nécessaire à dire, une phrase qui fait notre bonheur à nous, partisans et observateurs.
Mercredi était une de ces occasions. Le propriétaire distribuait les belles nouvelles en marge d’un dîner de la Fondation des Canadiens pour l’enfance.
Heureux du dernier bilan sur la glace, le partisan Geoff Molson a rappelé que le toit de son édifice s’était déboulonné lorsqu’Ivan Demidov a marqué son premier but. Il a fait de l’adoration de Lane Hutson. Le partisan qu’est d’abord Geoff Molson a été comblé.
Et il a faim. Il a déclaré mercredi que tous les joueurs de hockey veulent gagner et que certains d’entre eux risquent de tenir compte de la jeunesse, du talent et de l’espoir de victoire sur 5-10 ans à Montréal.
Cette déclaration fut suivie d’un constat: «Jeff Gorton et Kent Hughes travaillent très fort, plein de choses peuvent se passer. Lorsque tu fais les séries, tu en apprends beaucoup sur ton équipe et les [occasions] de l’améliorer».
Geoff Molson est un partisan du Canadien. Mais ce serait bête de croire qu’il n’est que ça. Il est le partisan le plus privilégié du CH, car il assiste à des rencontres privées au cours desquelles plusieurs dossiers cruciaux sont discutés. Il est le partisan le mieux renseigné sur ce qui se trame.
Donc, lorsqu’il dit que ses hommes de hockey travaillent fort et en savent plus et mieux sur leur équipe, la traduction libre est: «Gorton et Hughes ont dressé leur liste d’épicerie. Ils savent qu’on doit trouver un deuxième centre talentueux et fiable en attendant Michael Hage. Ils savent que ça prendra du muscle, du papier sablé, du caractère dans la profondeur de l’équipe.»
«[...] Et ils pensent, puisqu’ils me l’ont dit, que l’équipe est désormais assez belle pour faire inclure Montréal sur la courte liste que soumettront quelques vétérans de talent à être mis sur le marché des transactions. Le Canadien peut enfin rêver d’enrôler un joueur vedette et autonome sans compensation le 1er juillet».
Lumière au bout du tunnel
La vigie de quelques saisons dans les bas-fonds a permis au CH de mettre la table pour un beau grand repas que les invités les plus prestigieux seront cette fois tentés d’accepter.
J’en suis convaincu: Montréal existe à nouveau sur la liste des destinations possibles pour le grand bal, et ses dirigeants sont à pied d’œuvre avec les appâts nécessaires pour attirer un gros joueur.
Si vous en doutez, je vous ramène à Molson. Il y a 13 mois, il avait déclaré à Renaud Lavoie, la garde baissée: «Je crois que l’an prochain, nous serons dans le mix». Personne ne l’a cru et pourtant, quel hiver et quel printemps on a eus!