Montréal: Enlevés par des membres de gang, torturés, battus et humiliés à Toronto

Maxime Deland
Deux jeunes hommes auraient été enlevés à Montréal par des membres d’un gang de rue d’Anjou, avant d’être conduits à Toronto, où ils ont été torturés, battus et humiliés sous la menace d’une arme à feu.
Dans les dernières heures, les images abominables des atrocités qui ont été infligées aux deux victimes de 19 ans ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux.
On y voit notamment les deux hommes étendus sur un matelas maculé de sang, avec le mot «Anjou» gravé dans la peau du dos à l’aide d’un couteau.
À un certain moment, on enflamme avec un liquide le dos mutilé de l’une des victimes, qui se tortille de douleur.
Plus tard, on aperçoit un individu asséner un violent coup de crosse de pistolet à la tête de l’un des hommes, qui encaisse le choc sans broncher.
Les deux jeunes hommes ont aussi été forcés de se livrer à des actes dégradants de nature sexuelle, pendant que les suspects les filmaient.
Des «snitchs»
Selon des sources criminelles, ces actes barbares auraient été infligés aux deux jeunes hommes pour les punir d’avoir été des «snitchs» [mouchards]. Ils seraient soupçonnés par les membres du gang d’avoir fourni des informations sensibles à un gang rival de Saint-Léonard.
La police de Montréal n’a cependant pas confirmé ces informations.
Toujours selon nos sources, les sévices infligés aux deux hommes auraient eu lieu à la mi-février, dans un immeuble de Toronto.
Les deux victimes auraient été retrouvées le 16 février par les policiers. Elles étaient alors fortement intoxiquées par la drogue et sérieusement blessées.
Les deux jeunes hommes n’ont aucun antécédent judiciaire, selon nos informations.
L’un d’eux avait été rapporté disparu de Laval le 14 février.
Questionnée au sujet de cet événement qui frappe l’imaginaire, la police de Toronto n’a pas voulu commenter.
«Une enquête est en cours dans ce dossier et nous ne fournirons aucune information supplémentaire afin de ne pas nuire au processus», a indiqué dans un courriel laconique l’agente Laura Brabant, porte-parole de la police de Toronto.
Les images de cette agression sauvage ont rapidement été signalées aux autorités montréalaises par de nombreux internautes.
Le SPVM a confirmé qu’elle collaborait avec la police de Toronto dans le cadre de cette enquête.
«Oui, j’ai vu les images et j’ai été vraiment choquée et troublée par ce que j’ai vu», a admis en entrevue téléphonique Hélène Mercier, commandante du poste de quartier 46 (Anjou).
- Écoutez la chronique faits divers de Maxime Deland, journaliste à l’Agence QMI au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio :
Un conflit qui s’envenime
L’arrondissement d’Anjou est présentement un secteur particulièrement «chaud» dans la métropole. Un conflit entre deux cliques de Saint-Léonard et d’Anjou donne lieu depuis quelque temps à plusieurs événements de violence armée. Cela laisse présager un été particulièrement occupé pour les policiers du nord-est de la ville.
«Dans les dernières semaines, on sent une tension et on sent un regain de la violence. Je suis en collaboration avec le commandant du poste de quartier de Saint-Léonard, on se parle tous les jours», a dit Mme Mercier.
Signe que les gangs de rue ont réussi à instaurer un climat de peur dans le secteur, très peu de victimes ou de témoins sont enclins à collaborer avec les policiers.
Malgré tout, la commandante assure que les différentes enquêtes sur les récents événements de violence progressent.
«Il y a des enquêtes en cours, il y a des choses que je ne peux pas dire, mais ça avance bien», a-t-elle affirmé.
Le 19 mars dernier, Khaled Mouloudj, a été assassiné en pleine rue dans l’arrondissement d’Anjou, alors qu’il se trouvait à proximité de son domicile.
Jeudi dernier, des suspects cagoulés se sont présentés en voiture à l’école secondaire d’Anjou sur l’heure du dîner, avant de pointer une arme à feu en direction de certains étudiants.
- avec la collaboration de Laurent Lavoie, Journal de Montréal