Un sixième rappeur a été tué en un peu plus d’un an, à Montréal, au cours d’une fusillade survenue mardi soir et où le chanteur a été visé par une violente rafale de projectiles devant le Centre Bell.

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«Les tireurs sont rendus complètement arrogants. Ils s’en foutent parce qu’ils n’ont plus peur de se faire prendre par la police. Pour eux, c’est rendu bar open», lance André Gélinas, sergent-détective retraité du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). 

Il commente ici la fusillade qui a coûté la vie mardi soir à Adam Jean-Philippe, 21 ans, un rappeur connu sous le nom de «Young A Stunnin». C’est vers 20h que sa voiture a été criblée de balles, près de l’intersection de la rue Saint-Antoine et de la rue de la Montagne. 

Le jeune homme est mort dans sa Honda Civic. Deux autres passagers du véhicule ont aussi été blessés. Le SPVM a confirmé hier qu’ils étaient désormais «hors de danger». 

Chanteurs ciblés?

Selon une compilation réalisée par le Journal, «Young A Stunnin» est le sixième rappeur assassiné par balle ou arme blanche à Montréal depuis juillet 2021. Trois autres rappeurs au Québec ont aussi été victimes de tentatives de meurtre au cours de la même période.

Notons que rien ne prouve pour le moment qu’il existe un lien entre ces crimes. 

«Les lieux d’affrontements entre les groupes criminels, c’est la rue, les pénitenciers et les réseaux sociaux. Dans ce monde virtuel, j'inclurai les membres de gangster rap qui vont souvent montrer l’argent, leur couleur de gang et leurs armes qui sont liés à leur groupe à eux», explique André Gélinas.

Son hypothèse? Des rappeurs provoquent sur les réseaux sociaux l’ire de certains gangs qui finissent par riposter parfois avec des fusillades dans le monde réel. Selon les experts consultés, seule une frange des rappeurs se tient avec de mauvaises influences. 

«Si ce sont des jeunes qui étaient associés à des réseaux délinquants, c’est sûr et certain qu’une attaque comme celle-là risque d’engendrer des ripostes», note pour sa part René-André Brisebois, coordonnateur professionnel à l’Institut universitaire Jeunes en difficulté. 

Beverley Jacques, cofondateur de la Coalition Pozé, affirme que l'industrie de la musique est responsable en partie de ce phénomène. 

«L’industrie capitalise sur des messages comme quoi il faut vendre de la drogue pour être riche ou elle glorifie la violence avec les armes à feu», déplore M. Jacques. 

Écoutez le segment judiciaire avec Félix Séguin diffusé chaque jour en direct 8 h 35 via QUB radio : 

Sans antécédent

Au lendemain du crime, les voisins de la famille Jean-Philippe étaient abasourdis que le jeune artiste soit mort si rapidement, lui qui n’avait aucun antécédent criminel selon nos vérifications. 

«Ils devraient trouver quelque chose à faire de leur vie, comme retourner à l’école, se trouver un emploi, parce que ça ne vaut pas la peine [d’agir de la sorte]», dénonce Adolris Cupid, dans l’entrebâillement de sa porte.

Plusieurs connaissances du rappeur ont préféré taire leur nom en commentant ce drame, par crainte de représailles. 

«C’est triste. C’est juste triste. Il n’était qu’un enfant», laisse tomber une connaissance de la famille, qui a été aperçue en matinée en train de discuter avec un des frères d’Adam Jean-Philippe. 

-Avec la collaboration de Michael Nguyen

Qui sont les six rappeurs tués à Montréal?

3 juillet 2021 : Mohammed Sayum, alias «SOSO BURGZ», 21 ans, mort par balles dans sa voiture

3 août 2021 : Jerry Willer Jean-Baptiste, surnommé « Mackazoe », 29 ans, assassiné durant une fusillade 

8 août 2021 : Duckerns Pierre Clermont, connu sous le nom de «Jeune Loup», 22 ans, assassiné par balles 

18 octobre 2021 : Jannai Dopwell, 16 ans, a succombé à ses blessures après une agression à l’arme blanche

2 décembre 2021 : Hani Ouahdi, aka El DZairy, atteint mortellement par balle alors qu’il était à bord d’un véhicule 

20 septembre 2022 : Adam Jean-Philippe, 21 ans, un rappeur montréalais tué par balles devant le Centre Bell