Incapable de faire vacciner son fils handicapé: Monsieur Legault, j’ai peur
Marie Cayer, la mère d’Axel
Tous les jours je me lève avec la peur au ventre. Pourtant, je ne suis pas une mère poule, je suis pragmatique... tout comme vous. Ce que je crains le plus au monde c’est que mon fils de 20 ans, lourdement handicapé, n’attrape la COVID.
En plus de ses lourdes atteintes physiques et intellectuelles, il est incapable de communiquer, de s’alimenter seul, de se déplacer seul. Un enfant de 4 ans dans un corps d’adulte.
Comprenez-vous pourquoi j’ai peur ? S’il l’attrape, ce n’est pas une personne qui entrera à l’hôpital, mais deux. Car en plus d’être sa mère, je suis sa seule interprète, celle qui est capable de le nourrir, de le faire boire et de comprendre ses maux.
Seulement voilà, me laissera-t-on entrer en zone chaude pour m’occuper de mon fils ? Dormir sur place s’il est hospitalisé pour une longue période ? Si je ne peux pas entrer à l’hôpital avec lui, je n’aurai d’autres choix que de le garder à la maison même si son état est critique. Car sans accompagnateur, ce n’est pas de la COVID qu’il pourrait mourir, mais de soif et de faim à cause de sa condition particulière qui requiert une personne à ses côtés à temps plein.
Mon fils n’est pas une priorité
Il y a environ deux semaines, lors de l’appel à l’aide de Josée Legault pour la vaccination de sa sœur handicapée intellectuelle, j’ai bien cru que vous aviez compris le message et que vous alliez émettre de nouvelles directives pour la vaccination de personnes aussi vulnérables.
Après plusieurs appels infructueux à mon CLSC, à mon CIUSSS, et au centre d’appel de Québec/vaccin, force est d’admettre que mon fils, malgré toute sa vulnérabilité est loin sur la liste des priorités tout simplement parce qu’il vit à la maison avec ses parents. Est-ce que ça le rend moins vulnérable ? Où est la logique ?
De plus, les deux aides à domiciles qui s’occupent tous les jours de lui (nos anges gardiens à nous), eux non plus, n’ont pas accès au vaccin. Ce sont pourtant des travailleurs de la santé, mais à domicile.
Confusion
Pour rajouter à la confusion, les directives ne sont pas interprétées de la même façon d’un CIUSS à l’autre. Certains jeunes handicapés de la grande région de Montréal, qui ont le même profil que mon fils, ont été vaccinés.
Évitons que les jeunes lourdement handicapés ne fassent pas partie des tristes statistiques de cette pandémie en leur donnant accès au vaccin. Monsieur Legault, s’il y a un capitaine sur ce navire, il est temps qu’il mette sa casquette. Puisque vous affirmez être pragmatique, il est temps de le prouver.