«Mémoire meurtrière»: Monica Bellucci rompt avec le moule à travers lequel a souvent été choisie

Isabelle Hontebeyrie
Dans ce nouveau film d’action réalisé par Martin Campbell, Monica Bellucci partage l’affiche avec Liam Neeson et Guy Pearce. Elle y incarne un personnage pour le moins trouble. Un élément qui a d’ailleurs particulièrement intéressé l’actrice de La matrice révolutions, Ville-Marie et 007 Spectre. Entretien.
Alex Lewis (Liam Neeson) est un tueur travaillant pour un trafiquant. Mais il souffre de la maladie d’Alzheimer, ce qui le fait questionner chacun de ses gestes. Vincent Serra (Guy Pearce), lui, est un agent du FBI sur les traces d’Alex, lequel croisera aussi la route de Davana Sealman (Monica Bellucci), une magnat de l’immobilier dont les desseins sont extrêmement sombres. Ce rôle constitue une première dans la filmographie de la Franco-Italienne, révélée dans l’inoubliable Irréversible de Gaspar Noé.
«Je voulais travailler avec Martin Campbell. C’est un réalisateur qui sait créer l’émotion», a souligné Monica Bellucci lors d’une entrevue téléphonique avec l’Agence QMI. «J’ai beaucoup de respect pour Liam Neeson, un grand acteur et une grande humanité.»
«Le rôle de Davana était un défi, car il ouvrait la porte à quelque chose de différent pour moi, de jouer une dualité, une femme à plusieurs aspects. D’un côté, c’est un monstre et d’un autre côté, elle est juste humaine. Et ça ne m’est pas arrivé souvent, dans mon parcours, de jouer une antagoniste. Cette femme est décrite comme une sociopathe. J’ai voulu jouer ce rôle pour rompre le moule à travers lequel j’ai souvent été choisie. Pour Mémoire meurtrière, j’ai pris un peu de poids. Et la lumière et le maquillage ont contribué à créer un personnage différent. Prendre de l’âge a sûrement contribué à m’ouvrir de nouvelles possibilités.»
L’âge, une libération?
«James Bond woman» l’année de ses 50 ans, maîtresse, par deux fois, des cérémonies d’ouverture et de clôture du Festival de Cannes, Monica Bellucci grimpe finalement sur les planches du théâtre en France en 2019, pour Lettres et Mémoires de Maria Callas qu’elle s’apprête à présenter à Londres après un délai pour cause de pandémie.
«Le fait d’avoir mûri et d’avoir pris de l’âge me permet d’accéder à la psychologie de Maria Callas qui aurait été compliquée à comprendre si j’avais été plus jeune. Du coup, le fait de mûrir en tant que femme me permet aussi de mûrir en tant que comédienne», a indiqué celle qui a fêté ses 57 ans en septembre dernier.
À un âge où bon nombre de comédiennes ont du mal à obtenir des rôles, se cachent ou ont recours à la chirurgie esthétique, Monica Bellucci continue de poursuivre sa carrière, alternant entre longs métrages américains et européens, superproductions et productions indépendantes, diversifiant ses expériences professionnelles.
«L’âge donne une liberté, a-t-elle dit. Dans Mémoire meurtrière, Davana est une “control freak” qui souhaite avoir le contrôle sur le temps qui passe et ce n’est pas possible. L’obsession que nous avons, nous les humains, cette peur de mourir, de vieillir... ce sont des choses qu’on ne peut pas contrôler.»
«Le fait d’avoir accès à d’autres choses fait que l’on sort des schémas connus, les gens et le public nous regardent autrement. On se voit nous-même autrement. Ce n’est plus la plastique, il y a quelque chose d’autre qui sort et ça, c’est libérateur», a-t-elle souligné.
En plus du théâtre, elle fait partie de la distribution de Mafia Mamma, dont le tournage débute en Italie dans quelques semaines.
«C’est une comédie hilarante de Catherine Hardwick avec Toni Collette. Ça va être encore un registre complètement nouveau. Je n’ai pas joué dans beaucoup de comédies – oui, il y a bien sûr Dix pour cent -, mais il faut trouver des comédies bien écrites, ce qui n’est pas toujours facile.»
Mémoire meurtrière déboule sur nos écrans le 29 avril.