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L'article provient de Le Journal de Québec
Sports

«Mon père désirait que je devienne un Guy Lafleur» -Eliezer Sherbatov

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Photo portrait de Rodger Brulotte

Rodger Brulotte

2022-03-06T10:00:00Z
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Cette semaine, l’histoire de la fuite du Québécois Eliezer Sherbatov de l’Ukraine a été dévoilée au grand public. Aujourd’hui, découvrons ensemble les années de sa jeunesse au Québec.

Lors de la période du conflit entre les Palestiniens des territoires occupés et Israël, de 1987 à 1993, la famille désirait quitter Israël. Le paternel s’est présenté à l’ambassade canadienne pour faire une demande d’immigration au Canada, mais habituellement, c’est un long processus.

Heureusement, le représentant au consulat canadien était un Québécois. Il s’est informé auprès du paternel pour savoir quelle était la raison pour laquelle il désirait aller vivre au Canada avec sa famille. Sans aucune hésitation, par l’entremise de l’interprète, monsieur Sherbatov, un partisan de hockey en Russie, a déclaré : « je désire que mon fils devienne un Guy Lafleur ».

Le paternel s’est tourné péniblement vers son épouse qui était en pleurs, car il lui a dit que sa demande ne sera pas acceptée. Soudainement, à peine cinq minutes plus tard, une personne s’est approchée d’eux pour leur dire que leur demande d’immigration au Canada avait été acceptée.

Cette semaine, j’ai parlé à Guy Lafleur pour lui confier l’impact qu’il avait eu sur cette famille. Le Démon blond était très ému, s’assurant que je salue Eliezer Sherbatov et sa famille pour lui.

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Eliezer, combien de langues parles-tu ?

Je parle le français, le russe et l’anglais.


La mafia russe a forcé votre famille à s’enfuir de la Russie.

Dans les années 1980, mes parents habitaient à Moscou. Un jour, la mafia russe les a menacés. Le même soir, la famille a laissé tous ses biens, y compris l’argent, pour s’enfuir de la Russie et immigrer en Israël.


Tu es né en 1991 en Israël.

Oui, et un an plus tard, à cause du conflit entre les Palestiniens des territoires occupés et Israël, nous avons immigré au Canada.


Tes parents sont arrivés à LaSalle avec la somme de 450 $.

Le prix de notre loyer était de 425 $ par mois, et l’autre 25 $, mon père l’a déposé à la banque.


La communauté juive de Montréal vous a aidés.

Ingénieur en Russie, ton père a fait de la pizza avant que la communauté juive de Montréal lui trouve un emploi. Cependant, il a demandé à ma mère, Anna, une ancienne championne de patinage artistique de Moscou, de donner des cours gratuitement à de jeunes Russes.


Un instant, c’est ta mère Anna qui dirige la réputée Académie Sherbatov de Power Skating ?

Depuis son arrivée au Québec, en 1992, maman a développé sa propre méthode d’entraînement de « Power Skating ». D’ailleurs, plusieurs joueurs de LNH, dont Anthony Duclair, participent à son Académie.


Revenons à tes années de jeunesse à LaSalle.

À ma première pratique à l’âge de 6 ans avec le hockey mineur de LaSalle, mon coup de patin était lamentable. J’ai participé à l’académie de ma mère, et, l’année suivante, je dominais les autres patineurs.

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Vers l’âge de 12 ans, la famille déménage à Laval.

Mon père avait amassé assez d’argent pour se construire une maison à Sainte-Dorothée. Malheureusement, en jouant au roller-hockey avec mes frères, j’ai subi une blessure majeure à ma jambe gauche qui m’a forcé d’être inactif pendant trois ans dans le domaine sportif.


Depuis cette blessure, tu es handicapé.

J’ai dû subir plusieurs opérations, car j’ai maintenant un pied gauche tombant. C’est-à-dire que je ne ressens aucune sensation du genou gauche au pied gauche.


Tu as rencontré ta future conjointe à l’école secondaire Saint-Maxime.

Je devais porter une prothèse, cependant j’ai rencontré une fille asiatique, Somaly, qui est devenue l’amour de ma vie. Elle quittait sa maison à 6 h en autobus pour se rendre chez moi afin de me donner les soins médicaux. Mes frères Boris et Yoni lui ouvraient la porte discrètement afin que mes parents ne puissent pas l’entendre arriver.


Quand tu as eu 16 ans, la famille a tenu une rencontre au sommet.

Nous nous sommes réunis pour discuter de mon avenir. J’ai leur dit que j’avais l’intention de jouer au hockey. Comme Rocky, je devais surmonter plusieurs obstacles, dont mon handicap. Ma mère m’a enseigné l’art de patiner et mes séances d’entraînement quotidiennes étaient douloureuses.


Comme Rocky, tu as relevé le défi.

J’ai fait un retour au hockey dans le programme de sports-études Des Sources, à Dollard-des-Ormeaux. Ensuite, je me suis joint à l’équipe Laval-Bourassa Midget AAA avec mon bon ami, Thomas Martin. L’année suivante, j’ai joué pour le Junior de Montréal de la LHJMQ qui était dirigé par Pascal Vincent, avant d’être échangé la même saison à Baie-Comeau, où j’ai été accueilli en pension chez la magnifique famille de Doris Beaudin.


Le grand départ pour une carrière vers la France, le Kazakhstan et l’Ukraine.

À 19 ans, je quitte le Québec pour une ambiance de Club-Med en France, avant de me retrouver au Kazakhstan où nous demeurions tous dans le même bâtiment avec un couvre-feu à 22 h. Nous mangions nos trois repas en équipe et le retard n’était pas toléré, même pour le déjeuner, oui, même le déjeuner. Sans oublier qu’il n’y a pas de ketchup, de mayo ou de coca au Kazakhstan.


Aimes-tu lire et cuisinier ?

Mes deux auteurs favoris sont Jules Verne et l’auteur québécois, Patrick Senécal. J’adore jouer le rôle du chef Sherbie, cependant, je dois souvent céder ma place à ma conjointe, qui est une excellente cuisinière.


Tu as un amour inconditionnel pour ta conjointe.

Ma conjointe et moi partageons un amour inconditionnel depuis notre rencontre à l’école secondaire. Lorsque je me suis évadé de l’Ukraine, elle et mes enfants étaient ma raison de vouloir survivre à ce moment bouleversant de ma vie.

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