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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Mon fabuleux marathon avec Rick et Joseph

courtoisie
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Photo portrait de Jean-Nicolas Blanchet

Jean-Nicolas Blanchet

2024-08-11T23:30:00Z
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PARIS | Le 20 juillet, je vous avais promis d’essayer de vous faire vivre ces Jeux comme si vous y étiez avec nous.

Je sais, tous les médias disent ça. C’est un cliché. Et c’était facile à dire pour moi. Je vais manger des croissants, prendre du bon vin pas cher, assister à toutes les compétitions olympiques que je veux et gambader dans une des plus belles villes du monde, et après je vais vous dire que je veux que vous viviez ça avec moi. C’est baveux quand même!

Mais je vous jure que j’étais sincère. Que j’arrivais vraiment à Paris avec cet objectif. Je suis conscient de la chance que j’ai eue. Et je me sentais quasiment mal d’être là à la place de chacun d’entre vous. J’ai vu Simone Biles gagner sa médaille d’or, j’ai vu Nadal jouer contre Djokovic, j’ai vu Noah Lyles gagner le 100 mètres, j’ai vu Céline en plein milieu de la tour Eiffel, j’ai parlé à nos athlètes québécois qui pleuraient de joie ou de tristesse, etc. Et tout ça, à travers un des plus beaux décors au monde.

AFP
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«On est chanceux de vivre ça.» Je l’ai dit souvent. Mes collègues de tous les médias le disaient souvent.

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Cent cinquante-sept reportages, 600 km de marche et 15 sites de compétition; voilà ce qu’on a fait à trois, sur place, pour essayer de vous faire vivre tout ça avec nous.

La machine

Il y avait évidemment Richard Boutin. Je mettrais ma main au feu qu’il a été un des 34 000 journalistes qui a travaillé le plus fort à Paris. Je suis un de ses patrons et je peux parfois être, disons, plutôt exigeant. Bien, c’était l’inverse ici. Je devais parfois le ralentir parce que je m’inquiétais pour sa santé. On le soupçonne d’avoir un frère jumeau identique tellement il arrivait à être partout, de 9h le matin à 1h l’autre matin, presque chaque jour.

Et ce qui était le plus impressionnant, c’est que Richard était le seul employé de notre média, sur place, pour essayer de suivre tous nos athlètes. C’est environ 40 de moins qu’un autre média au Québec, par exemple.

Richard était seul pour ça, car les deux autres qui étaient ici, c’était Joseph Facal et moi. J’ai essayé d’aider Rick un peu. Mais sinon, Joseph et moi, on faisait un peu les vagabonds dans Paris.

Photo Jean-Nicolas Blanchet
Photo Jean-Nicolas Blanchet

Joseph, l'hilarant délinquant

Joseph allait à Roland-Garros prendre un selfie (je suis encore supris qu’il ait réussi car ce n’est pas monsieur Techno) après avoir illégalement réussi à toucher à la terre battue. Moi, j’allais voir les policiers chasser les itinérants de Paris. Joseph allait voir le ping-pong, moi j’allais faire mon aristocrate à Versailles pour voir l’équitation. Joseph allait voir le breakdance et le skateboard, moi j’essayais d’expliquer comment c’est impossible à faire, la natation artistique. C’est sans compter les chroniques à contre-courant que Joseph et moi avons fait concernant la boxeuse Imane Khelif.

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Photo JOSEPH FACAL
Photo JOSEPH FACAL

J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec Joseph, un méchant bon gars, mais surtout à le voir aller. On connaît tous sa plume extraordinaire. Et maudit qu’il est drôle quand il peut se laisser aller sur certains sujets. Il a réussi à me faire vivre des épreuves olympiques comme si j’y étais aussi. C’est exactement ça qu’on voulait.

On n’avait pas la prétention d’arriver ici et d’être meilleurs que les autres. Mais on voulait apporter quelque chose de différent. Quelque chose que vous ne pouviez peut-être pas ressentir ou voir à la télé. Et là-dessus, j’ai la prétention que nous avons réussi, au risque d’être sortis loin en batinsse du reportage sportif traditionnel.

Car, je le répète, j’étais très sincère quand je vous racontais que je voulais vous faire vivre les Jeux avec nous. Mais je savais que je me mettais de la pression, et je me demandais comment on allait réussir à faire quelque chose de différent à travers les meilleurs chroniqueurs et journalistes sportifs au monde. C’était les premiers Jeux à Joseph et moi.

Merci!

Ç’a m’a pris quelques jours avant d’avoir de l’appétit. Je me suis endormi à 4h toutes les nuits. C’était un mélange d’adrénaline, de stress, de joie. C'était un fabuleux marathon. 

On ne peut jamais faire plus que notre possible. Et vous avez été extrêmement nombreux à nous lire. Ça me dit que vous avez aimé notre possible, et batinsse que ça fait du bien. Merci! Et merci aussi à mes collègues qui sont restés au Québec en nous enviant comme vous. C’est près de 400 reportages qu’ils ont réussi à faire à distance pour s’assurer que vous ne ratiez rien quand je me perdais dans le métro, quand Richard dormait quelques heures ou quand Joseph plongeait dans ses souvenirs de Capitaine Crochet en allant voir l’escrime.

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