«Mon garçon m’en parle encore tous les jours»: un itinérant endormi dans la cour d’un CPE à Montréal

Anouk Lebel
Le cauchemar de la cohabitation avec les itinérants est loin d’être terminé pour un CPE du centre-ville de Montréal, où un sans-abri a été retrouvé dans la cour des poupons au petit matin, en début de semaine.
«On pense que les enfants ne comprennent pas, mais mon garçon m’en parle encore tous les jours de la police, du monsieur malade dans la cour. Juste le fait de voir la police, ça lui a généré de l’inquiétude», témoigne Brad Misiano.
- Écoutez la chronique d’Alexandre Moranville et Karima Brikh via QUB :
Son fils de deux ans et demi fréquente le CPE Le Petit Palais, sur l’avenue Viger, près du palais des congrès.
Lundi matin, une éducatrice a trouvé un sans-abri endormi sur le terrain du CPE, dans la cour des poupons.

«On présume qu’il a passé par-dessus la clôture pour s’installer sur le tapis. On a laissé les rideaux fermés et appelé le 911. Ça a pris une quarantaine de minutes pour que la police arrive», raconte la directrice du CPE, Sylvie Chabot.
- Écoutez le père d'un enfant du CPE et un résident du quartier chinois s'exprimer sur le déclin du quartier depuis 25 ans via QUB:
«C’est constant »
Ce printemps, Mme Chabot avait révélé qu’au CPE, les enfants ne sortaient qu'escortés par les policiers en raison de problèmes de cohabitation avec des itinérants en situation de crise.
La femme de M. Misiano avait même était pourchassée par un itinérant en amenant leur fils au CPE. Elle était enceinte de six mois.
Depuis, la situation va de mal en pis.
«C’est constant. La semaine dernière, il y avait des gens qui fumaient du crack devant la fenêtre du local des [enfants de] trois ans», soupire Mme Chabot, exaspérée.

Mardi matin, elle a eu une autre mauvaise surprise: certaines fenêtres avaient été noircies par un incendie survenu dans l’alcôve du côté de la rue De La Gauchetière. Au passage du Journal mercredi matin, les traces étaient encore visibles.
«C’était pendant la nuit, mais ça pourrait arriver pendant le jour, pendant que les enfants sont là», s’inquiétait Philippe Chu, papa d’une petite fille de cinq ans qui fréquente le CPE à 500 m de chez lui.

Des voisins inquiets
Le CPE continue ses démarches pour se relocaliser dans ses anciens locaux, près du palais de justice de Montréal.
Mais des résidents du coin sont aussi exaspérés. Ils annonçaient mercredi la création de l’Association des résidents du quartier chinois pour faire entendre leur voix.
Pour Yvan Michaud, les problèmes ont commencé lors de l’ouverture du refuge d’urgence du Complexe Guy-Favreau pendant la pandémie.
«Il y a toujours eu de l’itinérance, mais il n’y avait pas de problème de criminalité. Le refuge a amené une nouvelle population et là, les gens sont laissés à eux-mêmes», explique celui qui résidence dans le quartier depuis plus de 25 ans.
La Ville a annoncé la semaine dernière qu’elle consulterait les citoyens sur la cohabitation avec les itinérants cet automne.
«Ça va prendre des mois avant d’avoir un rapport. La crise, c’est maintenant qu’on la vit», se désole toutefois Philippe Chu.
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