Facultés affaiblies: «Mon fils s’est fait voler sa vie»
Les parents d’un homme décédé près de trois ans après un accident de voiture veulent que justice soit rendue

Jérémy Bernier
Les parents d’un homme de 29 ans devenu prisonnier de son corps après un accident de voiture foudroyant, qui a finalement eu raison de lui presque trois ans plus tard, souhaitent que justice soit rendue.
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«Mon fils s’est fait voler sa vie et de l’une des pires façons possible. Et nous, on nous a volé notre fils. Notre famille vit un cauchemar perpétuel depuis ce jour-là», confie tristement au Journal Céline Pelletier.

Le matin du 18 août 2019, son fils Jeffrey Langlois, accompagné de deux amis, était en route pour la maison familiale à Armagh, en Chaudière-Appalaches, où ils prévoyaient déjeuner. La veille, ils avaient assisté aux Grands Feux Loto-Québec, sur les rives de Lévis.
C’est à ce moment que leur véhicule a été impliqué dans une violente collision frontale avec un autre automobiliste sur la rue Monseigneur-Bourget, au nord de l’autoroute 20.
«Brisé de partout»
Coma, traumatisme crânien sévère, hémorragies cérébrales, fractures du cou, de la mâchoire, des jambes et d’un bras... Le jeune homme qui avait 26 ans à l’époque a été le plus durement touché.
«Il était brisé de partout et il ne s’en est jamais vraiment remis. Il est devenu prisonnier de son corps», souffle Mme Pelletier, étouffant un sanglot.

Le conducteur du second véhicule, Pierre Hoffman, qui était seul à bord, s’en est quant à lui sorti avec des blessures importantes qui ne mettaient pas sa vie en danger. Des prises de sang ont permis de découvrir que l’automobiliste aujourd’hui âgé de 50 ans avait dépassé la limite d’alcool dans le sang permise au moment du drame.
Six chefs d’accusation
Six chefs d’accusation, notamment de conduite avec facultés affaiblies causant des lésions, ont donc été déposés à son endroit en février 2020, auxquels il a plaidé non coupable.
L’accusé dans cette affaire doit revenir en cour le 1er juin prochain pour la suite des procédures.
De leur côté, bien que grièvement blessés, les deux amis de M. Langlois se sont remis de leurs blessures... avant qu’un triste coup du sort n’emporte l’un d’eux dans un autre accident de voiture un an plus tard, à Saint-Malachie.
Un désir de justice
Il n’est toutefois pas impossible que d’autres accusations soient déposées à l’endroit de M. Hoffman puisque Jeffrey Langlois est décédé le 24 mai dernier, au CHSLD de Saint-Gervais.
Souffrant d’aphasie, de dysphagie, d’amnésie cérébrale et d’une paralysie partielle depuis l’accident, il refusait de s’alimenter depuis plusieurs jours.
«Il n’était plus que l’ombre de lui-même, déplore sa mère. Il ne voulait plus du tout manger ou boire. Il s’est laissé aller...»

Son mari, Martin Langlois, souhaite pour sa part que cette tragédie serve d’exemple pour décourager d’autres conducteurs de prendre le volant en état d’ébriété. «On ne veut pas de vengeance, on veut tout simplement une justice pour notre fils.»
«On se demande chaque jour depuis l’accident comment on va faire pour passer à travers. Ce qui nous accroche à la vie, ce sont nos autres enfants.»
– Céline Pelletier, mère de Jeffrey Langlois
«Ce que Jeffrey a vécu, sa souffrance, on ne le souhaite pas à notre pire ennemi.»
– Martin Langlois, père de Jeffrey