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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Mommy, Daddy: une chanson crève-coeur!

Photo d’archives
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Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2021-11-05T09:00:00Z
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Vous vous souvenez dans les années 1970, quand Dominique Michel puis Pauline Julien chantaient Mommy, Daddy, la chanson sur la lente assimilation des francophones ?

Dans cette chanson crève-cœur, un enfant demande, en anglais, à ses parents de lui parler du temps où on s’exprimait en français au Québec...

« Mommy, mommy, I love you dearly

Please tell me how in French

My friends used to call me ?

Paule, Lise, Pierre, Jacques ou Louise

Groulx, Papineau, Gauthier

Fortin, Robichaud, Charbonneau ».

Il faudrait ajouter aujourd’hui à Robichaud, Charbonneau... Rousseau.

En effet, le PDG d’Air Canada Michael Rousseau est le parfait exemple d’assimilation des francos que dénonçaient Marc Gélinas et Gilles Richer dans leur complainte.

Sophie et Richard ne sont pas bons aux fourneaux, mais ils savent cuisiner leurs invités! Invitez-vous à la table de Devine qui vient souper? une série balado originale.

AIR CANADA : IT’S TOO LATE

Dans une entrevue à La Presse hier, Michael Rousseau, le PDG incapable de parler français, racontait :

« Du côté de ma mère, tous mes ancêtres sont francophones, mais malheureusement, du côté de mon père, le français a été perdu depuis trois générations. »

Il a suffi de trois générations pour que des Rousseau ne soient plus capables de prononcer les mots « Bienvenue à bord, nous vous souhaitons un bon vol ».

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C’est exactement ce que décrit la chanson Mommy, Daddy, que pourtant certains qualifiaient de défaitiste, de pessimiste ou d’apocalyptique.

La chanson Mommy, Daddy a été écrite en 1971. Il y a donc exactement 50 ans. Elle se passe dans un futur cauchemardesque, où les petits- enfants ne comprennent plus la langue de leurs grands-parents. Chaque fois que je l’entends, mon cœur se serre. Vous vous rappelez la finale ?

La mère chante : « Un jour, ils partirent de France

Bâtirent ici quelques villages, une ville, un pays. »

Et l’enfant lui répond : « Mommy, daddy, how come we lost the game ?

Oh mommy, daddy, are you the ones to blame ?

Oh mommy, tell me why it’s too late, too late, much too late ».

Quand Michael Rousseau a répondu à mon collègue Pierre-Olivier Zappa qu’il n’avait jamais eu besoin d’apprendre le français pour habiter à Montréal, j’ai pensé à cette phrase : « Est-ce vous qui êtes à blâmer ? »

C’est nous qui avons permis que des Rousseau francophones aient donné naissance à des Rousseau unilingues anglophones ?

AIR CANADA, MOUTARDE RELISH

Toute la saga du PDG qui se moque du français m’a aussi fait penser à une autre chanson du folklore québécois : Mon oncle Edmond, de Jean Lapointe.

« Dans la famille du côté d’ma mère, y avait mon oncle Edmond / Y’était ben smat y parlait l’anglais surtout quand y’était rond / Y faisait des hip hip do you speak english me I can talk faster than you / One hamburger moutarde relish pis y était lousse quand y était saoul ». Après être parti vivre en Ontario, l’oncle Edmond revient au Québec « les poches ben pleines et pis la tête carrée » et parlant anglais... « Mais là c’était vrai pis c’en était triste pis y’était même pas saoul. Quand Edmond est mort y parlait l’anglais. »

Je me demande si Michael Rousseau, dont la mère est francophone, dont les aïeux étaient francophones, dont la femme est francophone, a la moindre idée qui sont Jean Lapointe, Dominique Michel ou Pauline Julien...

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