Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Moment de vérité pour Mark Carney

Partager
Photo portrait de Thomas  Mulcair

Thomas Mulcair

2025-09-04T15:30:00Z
Partager

Mark Carney aime répéter qu’il a été élu pour accomplir de grandes choses.

L’austérité assumée

Il n’est donc pas surprenant de l’entendre briser un tabou politique en évoquant la nécessité de l’austérité dans le prochain budget. Le mot choque, car il rappelle à plusieurs les coupures, les privations et la réduction des services publics.

François Legault avait d’ailleurs réussi à associer ce terme à Philippe Couillard. Ironie du sort: sept ans plus tard, la gestion rigoureuse de Couillard fait contraste avec le chaos actuel de l’administration caquiste, dont le fiasco SAAQclic n’est que la pointe de l’iceberg.

Carney joue gros

Carney est conscient de l’ampleur de l’enjeu. Les libéraux fédéraux lui doivent leur survie politique après le désastre des années Trudeau. Alors que les conservateurs de Pierre Poilievre semblaient intouchables avec plus de 25 points d’avance dans les sondages, le retour au pouvoir des libéraux a surpris tout le monde.

Ce «miracle politique» repose sur deux éléments: sa stature d’économiste crédible et sa fermeté face aux menaces de Donald Trump.

Carney avait promis deux choses: tenir tête à Trump et remettre de l’ordre dans les finances publiques.

Sur le premier point, les Canadiens lui accordent encore un certain crédit, même si les résultats tardent à venir. Mais sur le second — rétablir l’équilibre budgétaire —, il n’a pas le droit à l’erreur.

Publicité
L’héritage de Trudeau

Carney hérite d’une situation économique désastreuse. Le terme n’est pas exagéré. Après neuf ans au pouvoir, Justin Trudeau laisse un déficit massif et récurrent, fruit d’une gestion financière approximative.

Dès 2015, il annonçait qu’il ferait volontairement des déficits, présentés comme bénéfiques pour le pays. Résultat: près de 100 milliards de dettes accumulées avant même la pandémie. La crise de la COVID-19 a ensuite ajouté des centaines de milliards de dollars supplémentaires à la facture des générations futures.

À cela s’ajoute une explosion de la taille de la fonction publique fédérale, gonflée de 40% en neuf ans. Non seulement la productivité n’a pas augmenté, mais l’État est devenu plus inefficace. Chaque année, Ottawa confiait environ 20 milliards $ en contrats à des firmes privées pour des tâches que ses propres fonctionnaires n’assumaient pas.

Une commande colossale

Dans ce contexte, Carney a lancé un mandat clair à ses ministres: couper massivement, mais sans réduire les services aux citoyens.

La société civile, les syndicats, les groupes communautaires et particulièrement les communautés autochtones attendent avec inquiétude de voir comment ces mesures seront appliquées.

Carney multiplie les rencontres avec ses groupes autochtones, et ça va l’aider. Il doit faire plus attention avec les partenaires sociaux. La grève chez Air Canada a laissé les travailleurs préoccupés quant à ses réflexes, et Carney doit absolument les garder de son bord.

Condition essentielle

Le succès de cette opération budgétaire, aussi difficile que nécessaire, dépendra d’un facteur clé: la paix sociale.

Carney doit prouver qu’il peut réduire les dépenses, tout en conservant l’appui de la population. La tâche est immense, l’enjeu l’est encore plus.

Publicité
Publicité