Moins de snowbirds en Floride à l’hiver 2025: «C’est triste et ça m’écœure»
Un propriétaire d’établissements hôteliers originaire de Québec témoigne des annulations massives


François-David Rouleau
MIAMI | Installé dans son «bureau» sur la terrasse du motel qui porte son prénom sur un gros boulevard d’Hollywood, en Floride, le propriétaire Richard Clavet parle avec franchise de l’hiver particulier qu’il vient de traverser. «C’est triste. Ça me touche droit au cœur, car j’aime les gens. Ça m’écœure.»
Celui qui a acheté le motel en 1990 en a fait une institution floridienne pour les Québécois cherchant la chaleur en plein hiver. Clavet ne pensait jamais qu’en leur permettant de rester chez lui avec une brochette tarifaire favorable et spéciale, il en perdrait autant en quelques semaines seulement.

Les raisons?
L’élection de Donald Trump et la guerre commerciale que le président américain a entamée avec le Canada touchant des millions de portefeuilles en plus de piquer directement la fibre morale.
«C’était bien parti en décembre et janvier. On avait beaucoup de réservations. Ça regardait bien... jusqu’en février, raconte-t-il, entouré de plaques minéralisées de provinces canadiennes. Quand j’ai regardé le livre de réservations, j’ai aperçu beaucoup de lignes barrées et de liquid paper. C’était malade.»

Plus de détails
Clavet, qui possède sept établissements et près de 250 unités dans la région située entre Fort Lauderdale et Miami, s’est vite rendu compte que ces annulations étaient principalement dues à la politique.
«On se faisait souvent dire que c’était en raison d’une maladie. Mais en creusant, c’était surtout parce que les gens ont décidé d’aller à Cuba en raison de notre fou ou de notre dictateur en place, ou au Mexique, relate l’homme de 60 ans originaire de Québec.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
«Mais les gens ne réalisent pas que c’était un dictateur aussi à Cuba et que l’île a souvent manqué d’électricité dans la dernière année. Et au Mexique, c’est de plus en plus violent.»
Cette réalité 2025 provoquée par Trump le déçoit, car il dit avoir toujours privilégié les Québécois en vacances et en visite plusieurs semaines au chaud. Il les loge à prix préférentiel, tente de les traiter aux petits oignons, organise des activités en plus de spectacles avec des artistes connus de la Belle Province et des sorties dans la région.


Revenus en hausse
Clavet n’a pas encore rassemblé toutes les données de son premier trimestre de l’année 2025, mais il estime que son chiffre d’affaires a augmenté de 6% en raison des dépôts des réservations et des multiples évènements d’envergure dans la région. Toutefois, le taux d’occupation a diminué avec davantage d’unités libres.
Ces conséquences se répercuteront aussi à l’hiver 2026. Les snowbirds ont pour l’instant effectué moins de réservations. Déjà en déclin dans le Sunshine State selon la U.S. Travel Association, leur population continuera à diminuer dans les prochains mois et années, à en croire la multitude de témoignages récoltés depuis janvier.
À l’écouter, il appuie les manoeuvre de Trump, non sans lui accorder quelques défauts. Il n’est évidemment pas satisfait de voir la majorité de ses clients malheureux en raison du climat politique. Il voudrait les voir contents.
Plein pour la F1
De son propre aveu, Clavet n’a pas vu venir la vague du Grand Prix de Miami. Il avait la tête ailleurs. En ligne, un milieu qu’il décrit comme le wild wild west pour un homme préférant les anciennes méthodes de réservation, les prix ont inévitablement augmenté.
Il l’a aussi noté lors du passage de Taylor Swift à l’automne dernier.
À chaque grand évènement, il constate l’augmentation dans son livre de réservations.
Malgré cela, il préfère héberger des visiteurs à plus long terme que l’instant d’un week-end qui se veut plus exigeant.