Moins de modération: vers un exode des utilisateurs de Facebook?

Maude Larin-Kieran
Plusieurs utilisateurs de Facebook pourraient être amenés à imiter Christine Labrie et à quitter la plateforme en raison des trop nombreux commentaires haineux qu’il devient difficile de modérer, croit une experte des réseaux sociaux.
Laurence Grondin-Robillard, doctorante en communication et spécialiste des réseaux sociaux, observe ces changements dans les commentaires, particulièrement marqués depuis le début de l'année.
«Mark Zuckerberg a changé les politiques de modération de la plateforme en janvier, pour laisser place à plus de liberté d’expression», précise-t-elle.
Cette nouvelle mesure, qui ouvre aussi la voie aux commentaires haineux et aux insultes, convainc des internautes de quitter le réseau social.
«Offusquées [par ce changement de politique de modération], certaines personnes qui, d'habitude, sont protégées par ces politiques de modération là, des discours haineux, discriminatoires, ont décidé de naviguer vers d'autres plateformes où elles ont choisi qu’elles allaient être moins présentes sur Facebook, comme sur X d’ailleurs », explique la spécialiste.
LGBTQ et immigration
Christine Labrie remarque que ses publications concernant les communautés LGBTQ et l’immigration suscitent davantage de réactions négatives.
Sur sa publication de dimanche dernier qui l’a finalement convaincue de fermer sa page, elle affirme qu’un commentaire sur deux aurait nécessité une suppression. Elle abordait un sujet en lien avec la communauté LGBTQ.
L'assouplissement de la modération touche aussi les questions de genre et d’ethnicité.
«Les femmes en politique ou les personnes racisées vont toujours être plus visées dans les contenus, puis les discours haineux et les commentaires déplacés que des hommes blancs en politique, par exemple. On dirait qu'on s'en permet plus, des commentaires inappropriés. Donc, en partant, c'est plus difficile», explique Laurence Grondin-Robillard.
«Facebook, plus ce que c’était »
Christine Labrie affirme que Facebook «n’est plus ce que c’était », en entrevue avec l’Agence QMI jeudi soir.
« Je me souviens avoir mis de l'avant des propositions politiques qui venaient de commentaires reçus sur des réseaux sociaux pour des éducatrices en services de garde par exemple. Ça a vraiment été un outil utile pour moi», lance-t-elle, regrettant de ne plus y voir d'aspects positifs.
Plusieurs internautes lui suggèrent de continuer à publier du contenu sans autoriser les commentaires.
« Ça ne m'apparaît pas intéressant d'avoir une page juste pour publier, mais que les commentaires ne soient pas possibles », lance-t-elle