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L'article provient de Bureau d'enquête

Moins d’avions de chasse F-35, plus de drones militaires construits chez nous

«On pourrait acheter des milliers de drones pour le prix d’un seul F-35»

Un drone de la compagnie montréalaise Shearwater Aerospace.
Un drone de la compagnie montréalaise Shearwater Aerospace. Photo fournie par SHEARWATER AEROSPACE
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Photo portrait de Anne Caroline Desplanques

Anne Caroline Desplanques

2025-04-15T04:00:00Z
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Le Canada pourrait économiser des milliards de dollars en achetant moins d’avions de chasse F-35, mais en s’équipant d’une flotte de drones militaires.

«On pourrait acheter des milliers de drones pour le prix d’un seul F-35», plaide l’analyste militaire James Snell, auteur de plusieurs essais sur les conflits contemporains, dont ceux de l’Afghanistan, l’Irak et la Syrie.

Dans une lettre ouverte au Globe and Mail, il explique que le Canada pourrait construire lui-même sa propre flotte de drones très rapidement, comme le fait l’Ukraine, où le champ de bataille est dominé par ces engins.

Fort de son industrie aéronautique de pointe, le Québec serait bien placé pour fabriquer cette flotte du futur, comme l’indiquait Le Journal dans un récent dossier.

C’est d’ailleurs à Montréal, dans les locaux de Bombardier, que le premier ministre Mark Carney a promis lundi de déployer «des véhicules aquatiques et aériens sans pilote pour défendre l’arctique, nos infrastructures sous-marines, nos frontières et nos alliés», s’il est élu le 28 avril.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Washington contrôle les pièces des chasseurs

M. Snell indique que remplacer des avions de chasse par des drones n’est pas un premier choix, mais que Washington nous force à examiner cette option. C’est que les États-Unis contrôlent les mises à jour des logiciels à bord des F-35 et le remplacement des pièces. Ils pourraient donc mettre en péril notre aviation.

Les premières livraisons des chasseurs de Lockheed Martin sont prévues en 2026. Le contrat a été annoncé en 2023, après des années de tergiversation. Il prévoit l’achat de 16 appareils et de 72 autres en option pour un total de 19 G$.

Photo Archives / REUTERS
Photo Archives / REUTERS

Face à l’hostilité de l’administration Trump, Marc Carney veut suspendre le contrat pour se tourner vers un fournisseur européen, comme le suédois Saab, qui offre d’assembler ses Gripen au pays.

Un appareil européen ne garantirait toutefois pas une totale indépendance de Washington puisque tous les avions de chasse contiennent des pièces venues des États-Unis, prévient Andrew Latham, ex-militaire maintenant professeur au Collège Macalester, au Minnesota.

C’est le cas du moteur du Gripen. 

«Cela signifie que Washington peut opposer son veto à n’importe quelle vente de Gripen, à n’importe quel pays, n’importe quand», explique l’analyste également fellow à l’Institut pour la paix et la diplomatie à Ottawa.

Ça presse, nos F-18 seront bientôt remisés

Quant à l’avionneur européen le moins exposé aux États-Unis, le français Dassault, il ne produit que trois avions Rafale par mois.

Or, quel que soit le scénario, notre aviation n’a pas le temps d’attendre puisque notre dernier F-18 cessera de voler en 2032, insiste Philippe Lagassé, de l’école d’affaires internationales Norman Paterson à l’Université Carleton.

Le système à l'intérieur du casque des pilotes de F-35 est fabriqué par Collins Aerospace, qui opère à Montréal et à Ottawa.
Le système à l'intérieur du casque des pilotes de F-35 est fabriqué par Collins Aerospace, qui opère à Montréal et à Ottawa. Photo fournie par Collins Aerospace

Il prévient que tourner le dos au F-35 coûterait très cher, car chaque appareil requiert un entraînement différent pour les pilotes, des formations distinctes pour les techniciens, des hangars et des fournisseurs de pièces distincts.

Le Canada a en plus investi dans le développement de cet appareil, et plus d’une centaine d’entreprises d’ici participent à sa fabrication. De fait, pour M. Lagassé, on y a déjà trop investi pour n’en acheter que 16.

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