Modernisation de la SAAQ: «Je ne pouvais pas dire non à ça», a déclaré l’ex-ministre libéral Robert Poëti


Nicolas Lachance
La PDG de la SAAQ et la sous-ministre Dominique Savoie auraient vendu à l’ex-ministre libéral Robert Poëti une simple modernisation esthétique des systèmes informatiques, censée générer «d’importants profits».
Il ne s’agissait pas d’une transformation numérique majeure, a indiqué Poëti devant la commission Gallant, chargée de faire la lumière sur le fiasco SAAQclic.
«C’est pour ça que j’ai dit OK», a expliqué le ministre des Transports de 2014 à 2016. Il affirme avoir fait confiance à la PDG, Nathalie Tremblay, avec qui il entretenait une bonne relation.
«Une modernisation, ça peut être un visuel différent [...] Ce n’était pas une transformation», a-t-il plaidé, visiblement irrité par les questions du procureur en chef Simon Tremblay. Il dit avoir cru les affirmations de la PDG et de la sous-ministre.
«Je n’étais pas devant une reconstruction complète de l’informatique à la SAAQ», a-t-il insisté.
Selon le Vérificateur général du Québec (VGQ), la transformation numérique coûtera plus de 1,1 milliard de dollars, soit 500 millions $ de plus que prévu.
«C’était embryonnaire, au moment où j’étais là», a-t-il soutenu.
Des profits annoncés
Dominique Savoie lui aurait présenté un projet «d’investissement» ne nécessitant pas de crédits budgétaires, tout en promettant des bénéfices et une amélioration des services.
Poëti a convaincu le gouvernement de lancer le projet, en faisant miroiter un contrat de 200 millions $ sur 10 ans. Ce projet est devenu SAAQclic quelques années plus tard.
«C’est beaucoup d’argent, mais pour la SAAQ, qui génère des centaines de millions... je ne croyais pas que c’était déraisonnable», a-t-il déclaré.
La SAAQ lui aurait affirmé: «Ça ne coûte rien», «On va rembourser une dette», «On va faire plus d’argent».
«Écoutez, attachez-moi là. Je ne pouvais pas dire non à ça», a-t-il lancé.
Il assure avoir été préoccupé par la reddition de comptes, mais des projets de loi devaient colmater cette brèche.
Le commissaire Denis Gallant a d’ailleurs déclaré son conflit d’intérêts «apparent» envers Poëti qui l’avait nommé, avec l’appui unanime de l’Assemblée nationale, à la tête de l’Autorité des marchés publics en 2018.

«Pas un bar ouvert»
En matinée, l’ex-ministre des Transports Sylvain Gaudreault a expliqué pourquoi il avait accordé en 2014 plus de liberté à la SAAQ pour son projet technologique.
À l’époque, la SAAQ était soumise aux règles du Conseil du trésor sur les effectifs et la rémunération.
Le gouvernement péquiste lui avait demandé d’éliminer un déficit annuel de 35 millions et de rembourser un déficit cumulé de 218 millions.
La Société souhaitait plus de flexibilité pour moderniser ses services, notamment en ressources informationnelles, afin de «répondre à l’évolution des besoins de sa clientèle».
Des «pare-feux» avaient été mis en place avant la signature du décret, a plaidé M. Gaudreault.
«Il y avait des obligations, pour éviter que ce soit un bar ouvert », a-t-il affirmé, documents à l’appui. «En 2014, tout cela a du sens», a-t-il soutenu, ajoutant que «la SAAQ n’était pas une société mal gérée».
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