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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Mobilité Infra Québec, la coquille vide des transports

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
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Photo portrait de Karine Gagnon

Karine Gagnon

2025-06-06T19:30:00Z
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Depuis la création d’une agence des transports censée permettre au gouvernement de «prendre le leadership du développement du transport collectif», la ministre Geneviève Guilbault peine à justifier cette nouvelle structure. La même tendance s’est confirmée cette semaine.

Mme Guilbault était fière de présenter les deux femmes qui dirigeront l’agence Mobilité Infra Québec (MIQ), l’une comme PDG, Renée Amilcar, et l’autre comme présidente du conseil d’administration, Ann McDonald.

Mme Amilcar s’est illustrée dans la gestion du projet de tramway d’Ottawa, où de nombreux ratés étaient survenus avant son arrivée. Elle avait ainsi mis en application toute une série de recommandations qui ont permis d’améliorer le projet.

Jusque-là, tout va bien.

Valeur ajoutée

Le problème, c’est que mis à part le tramway de l’Est de Montréal, la ministre est incapable d’identifier un seul grand projet qui tombe d’emblée sous la coupe de la nouvelle structure. Il faut une valeur ajoutée, dit-elle sans plus de précision.

Tramway de Gatineau? Il a déjà un bureau de projet, dit-elle.

Phase un et deux du tramway de Québec? La ministre répond que CDPQ Infra agit déjà comme maître d’œuvre.

J’ajoute que si le gouvernement n’avait pas mis son nez dans le dossier, il serait déjà en service l’an prochain et non dans huit ans, avec des coûts beaucoup moins élevés.

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Troisième lien entre Québec et Lévis? L’agence s’occupera plutôt des projets qui stagnent, et le ministère des Transports s’en occupe, dit la ministre.

Il me semble qu’après sept ans de revirements et aucun projet concret, sans tracé, ni coûts, ni impacts, le troisième lien représente pourtant l’exemple par excellence du projet qui stagne.

Mais semble-t-il qu’un pont ne serait pas suffisamment complexe, selon Mme Guilbault. Il ne faut pas être dupe non plus. Si MIQ avait pour but de dépolitiser les projets, ce dont on peut douter, on ne pourrait pas lui confier le troisième lien.

Car s’il y a une chose qui crève les yeux, c’est qu’il s’agit justement d’un projet essentiellement politique. Il ne passerait jamais le test d’une analyse d’opportunité qu’aurait le devoir d’effectuer MIQ, comme prévu dans la loi.

Loin des objectifs

Donc, comment penser que cette agence, créée par un gouvernement qui multiplie les structures, puisse être utile si tous les projets en cours lui échappent?

Mme Guilbault soutient qu’à lui seul, le tramway de l’Est de Montréal le justifie, comme il est évalué à plus de 18 milliards. «Juste ça, c’est extrêmement complexe», dit-elle. Un projet chemine aussi sur la Rive-Sud, en remplacement du REM qui est tombé à l’eau. Mais ça reste très mince.

La ministre avait pourtant affirmé, en annonçant la création de Mobilité Infra Québec (MIQ), que l’idée consistait à centraliser et à multiplier la réalisation de projets complexes, à moindre coût et plus rapidement.

Les ressources ne sont pas infinies, avait-elle fait valoir, dans ce domaine où l’expertise manque au Québec, faute d’en avoir réalisé plusieurs.

En somme, nous voici bien loin des objectifs de départ de cette agence, qui reste pour le moment dans la lignée des beaux grands discours vides.

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