Baseball majeur: la saison 2023 en 5 questions
Benoît Rioux et Jean-Nicolas Blanchet
Vlad Jr peut-il détrôner Judge comme roi des circuits ?

Aucune projection de statistiques avancées ne prévoit qu’Aaron Judge sera encore en mesure de frapper 62 circuits. Mais personne ne le prévoyait non plus l’an dernier. C’était une anomalie et un autre exemple de la limite des statistiques avancées. Mais c’est vrai qu’après une saison de 39 circuits, 62 c’est beaucoup.
• À lire aussi: Début de la saison dans la Nationale de baseball: que le plus riche gagne!
• À lire aussi: Début de la saison dans l’Américaine: ne misez pas votre maison sur les Jays!
En fait, Fangraphs, un site internet devenu la référence pour la prévision par statistique, prévoit qu’aucun cogneur n’atteindra plus de 50 circuits cette année. Le favori est Judge, avec 45, suivi de Yordan Alvarez et Kyle Schwarber avec une quarantaine.
Seulement 17 joueurs frapperont plus de 30 circuits selon Fangraphs. Ça apparaît peu. Il y en a eu 20 l’an dernier.
On en prévoit environ 35 pour Vladimir Guerrero fils. Il en a fait 32 l’an dernier et 48 l’année précédente. Ce n’était pas de la chance. Vlad Jr a ce qu’il faut pour être le roi des circuits.
27, 33 et 37 : c’est le nombre de circuits de Yordan Alvarez à ses trois premières années dans les majeures. Fort à parier qu’il pourrait donc atteindre 40 et bien plus s’il continue d’être aussi à l’aise. Les Mike Trout, Shohei Ohtani et Pete Alonso sont aussi à considérer, mais à mon avis, une palpitante course à trois se dessine cette entre Judge, Alvarez et Vlad Jr.
Le baseball redeviendra-t-il un sport familial ?

Le baseball est LE passe-temps des Américains depuis 150 ans. C’est comme ça qu’il a toujours été décrit aux États-Unis. C’est de moins en moins vrai. Et une raison majeure, c’est qu’amener sa famille au baseball pour un match de 3 h 30, ça ne fait aucun sens.
Les ligues majeures ont donc amené une série de règlements pour s’attaquer à la vitesse du jeu, dont un chronomètre pour forcer les lanceurs et les frappeurs à aller plus vite entre les lancers. Résultats, les matchs durant le camp d’entraînement duraient moins de 2 h 40.
On prévoyait le chaos en début de saison, mais la plupart des lanceurs s’y plaisent déjà et les frappeurs s’ajustent. Tout le monde semble avoir compris qu’il faut penser aux fans un peu plus. Les plus puristes s’en fichent. La fin des défensives spéciales amènera aussi plus de spectacles alors que plusieurs bons frappeurs gauchers de puissance sont en train de disparaître et pourraient renaître cette saison.
L’agrandissement des buts devrait avoir un petit impact pour une augmentation des buts volés. D’ailleurs, espérons que les nouveaux règlements ramèneront un peu plus de baseball de stratégie avec des tentatives de vols et des courts et frappes.
Les équipes misent beaucoup sur les circuits, ce qui donne aussi beaucoup de retraits sur des prises, beaucoup de temps morts et peu d’action. Le retour à du baseball stratégique permettrait de dynamiser un peu le baseball. Ça permettrait aussi d’éviter un peu plus souvent des situations où on invite un ami au baseball et qu’il nous dise : « il ne se passe rien au baseball ».
Combien de Québécois dans le baseball majeur ?

Jamais le Québec n’a connu une période aussi faste chez les joueurs d’avant-champ. Abraham Toro devrait voir de l’action avec les Brewers de Milwaukee, tout comme Otto Lopez chez les Blue Jays de Toronto. Le jeune Édouard Julien, un espoir des Twins du Minnesota, pourrait quant à lui faire ses débuts dans le baseball majeur en 2023 après avoir brillé dans l’uniforme du Canada à la récente Classique mondiale de baseball. Finalement, le nom de Charles Leblanc ne figure plus sur la formation des 40 joueurs des Marlins de Miami, mais les choses pourraient bouger en sa faveur au sein de l’organisation floridienne au courant de la prochaine saison.
Combien de Québécois joueront donc dans le baseball majeur, cette saison ? Deux, trois, quatre ?
Toro, Lopez et Leblanc ont tous joué dans les grandes ligues durant la récente campagne. Dans un passé plutôt récent, il faut remonter à la saison 2007 pour répertorier trois Québécois établis en même temps dans le baseball majeur avec le lanceur Éric Gagné de même que les receveurs Pierre-Luc Laforest et Russell Martin.
Au fil des ans, le Québec a davantage été reconnu pour le développement des joueurs au monticule et derrière le marbre. Il y a maintenant plus de 60 ans, soit en 1962, quatre lanceurs québécois étaient présents simultanément dans le baseball majeur. Pendant que Claude Raymond et Ron Piché s’établissaient avec les Braves de Milwaukee, Georges Maranda (Twins du Minnesota) et Raymond Daviault (Mets de New York) étaient également à l’œuvre. C’était aussi à l’époque du joueur de position Tim Harkness, natif de Lachine.
Soit dit en passant, Vladimir Guerrero fils, grande vedette des Blue Jays, est né à Montréal en 1999. Celui qui vient de célébrer ses 24 ans a toutefois grandi principalement en République dominicaine.
Dans les ligues mineures, les lanceurs Cédric DeGrandpré, dans l’organisation des Braves d’Atlanta, et Nathan Landry, dans les filiales des Red Sox de Boston, sont à surveiller, eux qui ont été repêchés en 2022. Parmi d’autres, il y a aussi Eric Cerantola et Miguel Cienfuegos, qui poursuivent respectivement leur carrière avec les Royals de Kansas City et les Padres de San Diego. Les Blue Jays misent sur les jeunes Jean-Christophe Masson et Nicolas Deschamps, les Rays de Tampa Bay ont Conor Angel tandis qu’Anthony Quirion retrouve les Phillies de la Philadelphie après un hiver couronné de succès en Australie.
Quelles seront les surprises de chaque division ?

Dans l’Est de la Nationale, la surprise sera mauvaise. Ce seront les Phillies. Après une fin de saison incroyable et un parcours magique en séries l’an passé, Philadelphie n’atteindra pas les éliminatoires cette année. Bryce Harper doit rater la moitié de la saison, plusieurs joueurs trop payés n’en donnent pas assez et la rotation n’a pas assez de profondeur.
Dans la Centrale, les Pirates réussiront un exploit en étant une des 20 équipes dans l’histoire du baseball à perdre plus de 110 matchs. C’est arrivé deux fois depuis le début des années 2000 avec les Tigers.
Dans l’Ouest, les Diamondbacks seront meilleurs que les Giants et se battront pour une place en séries après des années de reconstruction.
Du côté de l’Américaine, dans l’Est, les Red Sox finiront derniers et ça va chauffer à Boston. Les billes, la bière et les hot-dogs trop chers vont commencer à déranger davantage les fans au Fenway Park qui risquent de trouver la saison très longue.
Dans la Centrale, les White Sox vont dominer avec l’arrivée d’un nouveau gérant. Ce n’est pas vraiment ce nouveau gérant qui va améliorer l’équipe, mais le fait que les joueurs vont comprendre que c’est de leur faute si l’équipe sous-performe depuis quelques années.
Et dans l’Ouest, les Angels vont-ils enfin connaître du succès et lutteront-ils pour une place en séries ? Ohtani et Trout ne changent rien si le club n’a pas de bons partants. Or, l’arrivée de Tyler Anderson, des Dodgers, permet aux Angels d’avoir un solide trio avec Ohtani et Sandoval. Ça va prendre une meilleure relève pour atteindre le prochain niveau, mais il y a de l’espoir.
Le Cy Young à un moustachu ?

Bonne chance si vous êtes capables de prédire qui gagnera les Cy Young cette année. C’est imprévisible. Tout le monde savait que Justin Verlander allait être bon l’an dernier. Mais d’avoir sa meilleure saison en carrière à 39 ans et gagner le Cy Young ? Non. Sandy Alcantara est solide, mais de lui prédire un Cy Young et 14 victoires alors qu’il lance avec les pauvres Marlins ? Non plus. Il faut le faire. C’est fini de voir les mêmes lanceurs année après année remporter le Cy Young. Le dernier à l’avoir fait était un moustachu au début des années 2000 : Randy Jonhson. Il en a gagné 4 de suite.
Les favoris, selon les parieurs de Vegas, ce sont Jacob deGroom et Gerrit Cole dans l’Américaine ainsi que Sandy Alcantata et Corbin Burnes dans la Nationale.
Dans l’Américaine, parier sur deGrom n’est effectivement pas audacieux. S’il est en forme, c’est le meilleur. Mon choix, par contre, c’est Shane McClanahan, le gaucher des Rays. Les frappeurs ont tellement l’air fous contre lui. Il a seulement deux saisons derrière la cravate et à 25 ans, il risque de récolter un Cy Young à un moment donné. J’y vais pour cette année. Il a obtenu une moyenne de 2,54 en lançant dans l’Est de l’Américaine l’an passé. C’est renversant.
Dans la Nationale, notre choix s’arrête sur Spencer Strider, 5e favori selon les parieurs. Ce moustachu sympathique des Braves qui a plutôt l’air de votre facteur qu’un lanceur des ligues majeures est époustouflant. En 130 manches, il a retiré 202 frappeurs à son année recrue l’an dernier.